On connaît plusieurs versions dessinées de cette scène, toutes attribuées au florentin Jacopo Chimenti, dit Jacopo da Empoli. Il s'agit de dessins préparatoires à une grande peinture en grisaille exécutée par l'artiste et son atelier pour les solennelles funérailles in effigie d'Henri IV organisées le 15 septembre 1610 en la basilique San Lorenzo de Florence, sur l'ordre du grand-duc de Toscane. Pour cette cérémonie d'hommage au souverain français assassiné, Cosme II de Médicis commanda un grandiose apparat funéraire à une vingtaine de peintres présents dans la cité florentine, sous la direction de Giulio Parigi, architecte de sa cour. C'est ainsi que vingt-six grandes toiles furent peintes en grisaille entre mai et septembre 1610, pour être accrochées dans les bas-côtés de la basilique, où elles composèrent un cycle éphémère célébrant les principales actions du roi bourbon. Membre éminent de l'Accademia della Crusca, Giuliano Giraldi fut chargé de publier une description minutieuse de la cérémonie, dont les toiles furent fidèlement reproduites par le graveur Alovisio Rosaccio. Ce petit ouvrage, véritable biographie illustrée du roi de France, devait connaître une extraordinaire diffusion dans toute l'Europe et inspira Rubens pour le cycle décoratif commandé par Marie de Médicis pour son palais du Luxembourg.
C’est que dans cet ensemble iconographique, le rôle de la famille de Médicis était particulièrement exalté : celui de Marie de Médicis, épouse du roi de France et cousine du grand-duc, d’abord, mais aussi celui d’Alexandre, le cardinal de Florence, devenu en 1605 le pape Léon XI. C’est lui que l’on reconnaît à la gauche du souverain qui signe, debout, la ratification de l’acte d’absolution que lui a accordé le pape Clément VIII à la suite de son abjuration du protestantisme.
Depuis 1585, en effet, Henri IV était sous le coup de l'excommunication fulminée contre lui par le pape Sixte Quint. Lors de son abjuration (25 juillet 1593), puis de son sacre à Chartres (27 février 1594), les prélats français anticipèrent la levée de cette excommunication par le pape, en prétextant le risque de mort où se trouvait alors le roi de France. Mais l’initiative des évêques ne fut pas immédiatement reconnue par le souverain pontife et ce n’est qu’après de longues négociations, que le pape Clément VIII prononça enfin la réconciliation du roi de France avec l’Église, le 17 septembre 1595, lors d’une cérémonie solennelle qui se déroula à Rome, sur la place Saint-Pierre. Henri IV ne vint pas à Rome où il fut représenté pendant la cérémonie par Arnaud d'Ossat et l'évêque d'Evreux, Jacques Davy du Perron.
Le 19 septembre 1596, au palais des Tuileries, le roi confirmait par écrit son abjuration du protestantisme et son engagement à respecter les termes de l’absolution pontificale. Cette cérémonie se déroula en présence du légat du pape, le cardinal Alexandre de Médicis et constitua l’aboutissement de la réconciliation du roi avec Rome. Comme le cardinal de Florence devait l’écrire au souverain pontife deux jours plus tard : « Un proverbe français veut que la main du parjure tremble lorsqu’il écrit. Sa Majesté ne s’étant pas parjurée, c’est pour cela que sa main n’avait pas tremblé et qu’elle n’avait pas eu besoin de table. »
En 2010, une grande exposition fut organisée à Florence, musée des Chapelles Médicis et Pau, musée national du château de Pau, autour de cette cérémonie funèbre du 15 septembre 1610. Sous le titre « Paris vaut bien une messe ! » 1610 : Hommage des Médicis à Henri IV, roi de France et de Navarre, l’exposition permit de présenter pour la première fois depuis 400 ans, les toiles en grisaille encore conservées. Catalogue publié par les éditions de la Réunion des musées nationaux et les éditions Sillabe (280 p.).