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Découvrez une sélection d'objets d'art

Les objets du Château de Pau

Retrouver les objets du Château de Pau

Les collections d'objets d'art du Musée national sont très diverses. Envoyés au château de Pau au moment de son remeublement au XIXe siècle ou acquis depuis que le monument est devenu musée national, ces objets, d'une grande variété de techniques, de formes, de dates, participent de la richesse du décor palatial.

Outre les tapisseries, on peut y trouver céramiques (porcelaines de Sèvres ou Paris, majoliques, faïences de Gien ou Creil-Montereau), pendules, luminaires, coffrets et multiples objets à l'effigie d'Henri IV.

Les objets

objet d'art
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Jeu de Jacquet ou tric-trac

France, entre 1594 et 1610

Ce précieux objet d'art date de la fin du XVIe ou des premières années du XVIIe siècle : il porte en effet le chiffre et l'emblème adoptés par Henri IV après son avènement. Le coffre est en noyer, il est incrusté de bois teint en vert, de nacre et d'ivoire. L'intérieur forme un jeu de tric-trac ou de jacquet et l'extérieur un jeu d'échecs. Sa destination précise reste inconnue : s'agissait-il d'un jeu à l'usage du souverain ou destiné à être offert par lui à un membre de son entourage ? C'est en tout cas un beau témoignage du savoir-faire d'artisans parisiens spécialisés dans la production d'objets précieux pour la Cour.

Le jeu entra au Musée du Louvre en 1828 avec la collection de Pierre Revoil. Ce peintre lyonnais était grand amateur d'histoire et d'objets d'art qu'il collectionnait pour composer une véritable "cabinet gothique" propre à l'inspirer. Sous le Second Empire, le jeu de jacquet fut présenté au Louvre au sein du Musée des souverains, dédié à tous les souverains de la France, voulu par Napoléon III. Ce n'est qu'en 1932 que le jeu de jacquet-échiquer vint au musée national du château de Pau où il est conservé depuis cette date.

 

  

 

objet d'art
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© Château de Pau
Tasse à l'effigie d'Henri IV

Manufacture de Sèvres 1822-1824

Cette élégante tasse, accompagnée de sa soucoupe, a été acquise en 2003 par le Musée national du château de Pau. Outre la qualité artistique de cette production de la Manufacture de Sèvres, ce sont aussi le décor et l’histoire de ces objets qui en ont motivé l’achat : la tasse est ornée d’un médaillon avec portrait d'Henri IV en buste, peint en 1823 par une artiste attachée à la Manufacture, Alexandrine Boily, d’après une œuvre de Marie Victoire Jacquotot... elle-même inspirée de Frans Pourbus le jeune (vers 1570-1622). Sur la soucoupe figure une vue du château de Pau avant les nombreuses restaurations qui le transformèrent au XIXe siècle.

Tasse et soucoupe furent offertes par le roi Charles X à sa belle-fille, la duchesse de Berry, pour le fils de cette dernière. Né en 1820 et prénommé Henri en hommage à son lointain ancêtre Bourbon, le petit-fils de Charles X était destiné à lui succéder. La Révolution de 1830 chassa les Bourbons du trône. Devenu comte de Chambord, Henri cultiva le goût des souvenirs et reliques de la monarchie. Il fit don de la tasse et de sa soucoupe au comte René de Monti de Rezé, son secrétaire.  

objet d'art
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Vase de Bordeaux

Manufacture de Sèvres 1886 (vase) - 1889 (décor)

Ce superbe vase, qualifié de première grandeur en raison de ses dimensions, a été exécuté à Sèvres, entre 1886, date de la fabrication du vase, et 1889, année où le décor fut réalisé par le peintre Mérigot attaché à la Manufacture. Le motif choisi pour le décor peint – une élégante guirlande de clématites survolée par des oiseaux de mer (sternes) -  témoigne de l’influence du japonisme dans les années 1880. Ce grand vase fut envoyé en 1894 au château de Pau, alors palais national, pour commémorer le séjour qu'y fit le président Sadi Carnot (1837-1894), les 22 et 23 mai 1891. Le socle de bois qui le supporte fut spécialement réalisé à cet effet. Destiné initialement au salon Bernadotte (1er étage Sud), le vase n'y fut jamais installé, mais placé dans la salle à manger dite des officiers de service, au rez-de-chaussée du château, où on peut encore l’admirer. La présence de cet objet au château de Pau symbolise l’intérêt porté par la IIIe République au château de Pau, en tant que haut lieu de la mémoire nationale.

 

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Pendule Henri IV et Sully

France, deuxième moitié du XVIIIe siècle

Le Musée national du château de Pau conserve une importante collection d’une vingtaine de pendules dites « à la Henri IV ». À partir du XVIIIe siècle et surtout dans les premières années du XIXe, la popularité de ce héros de l’histoire de France contribua à diffuser son image jusque dans les arts décoratifs. L’engouement pour ces pendules à thème henricien fut tel qu’on en fit même une chanson. A la fin de chaque couplet, les deux derniers vers égrènent, tel un carillon, les différentes vertus du premier Bourbon ! « L’heure d’amour va sonner/A la pendule d’Henri Quatre. » « La gloire ne peut retarder/A la pendule d’Henri IV ». Et de fait, les thèmes illustrés sur ces objets reflètent bien des aspects de la légende d’Henri IV : roi vaillant, galant, magnanime, proche de son peuple, à la destinée tragique... Sur cette pendule datant du règne de Louis XVI, le motif central - Henri IV et Sully - est directement inspiré d’un groupe en terre de Lorraine créé en 1769 par Paul-Louis Cyfflé à Lunéville, œuvre promise à une grande postérité. Cyfflé, lui-même, avait tiré son inspiration d’une œuvre du chansonnier Charles Collé, La partie de Chasse de Henri IV. Cette pièce de théâtre connut une extraordinaire vogue à la fin du XVIIIe siècle et à la Restauration. Elle exaltait la magnanimité du roi et inspira durablement artistes et artisans.

Cette pendule, montrant le roi relevant son fidèle ministre, illustre avec beaucoup de grâce l'un des refrains de la chanson « L’heure du pardon doit sonner/A la pendule d’Henri IV ».

 

 

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Pendule Louis XVIII, Alexandre 1er et Henri IV

France, vers 1814

Le Musée national du château de Pau conserve une importante collection d’une vingtaine de pendules dites « à la Henri IV ». C’est qu’à partir du XVIIIe siècle et surtout dans les premières années du XIXe, la popularité de ce héros de l’histoire de France contribua à diffuser son image jusque dans les arts décoratifs. L’engouement pour ces pendules à thème henricien fut tel qu’on en fit même une chanson. À la fin de chaque couplet, les deux derniers vers égrènent, tel un carillon, les différentes vertus du premier Bourbon ! « L’heure d’amour va sonner/A la pendule d’Henri Quatre. » « La gloire ne peut retarder / À la pendule d’Henri IV ». Et de fait, les thèmes illustrés sur ces objets reflètent bien des aspects de la légende d’Henri IV : roi vaillant, galant, magnanime, proche de son peuple, à la destinée tragique... Cette rare pendule en bronze doré, ornée des figures en pied du tsar Alexandre 1er et de Louis XVIII montrant un buste d’Henri IV, est une acquisition récente. Elle date très certainement du printemps 1814, au moment du retour des Bourbons sur le trône de France, après la Révolution et l’Empire. Le tsar tient au-dessus de la tête du souverain français un élément aujourd’hui disparu. Il s’agissait sans doute d’une couronne, comme on peut le voir sur une pendule de même inspiration, mais de réalisation différente, qui se trouve dans les collections du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Il semble en effet que les officiers de l’armée russe, présents à Paris en 1814, aient particulièrement apprécié ce type d’objets. L’affirmation du rôle de l’empereur de toutes les Russie dans le rétablissement de Louis XVIII sur le trône est ici associée à une référence bienvenue à Henri IV, « le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire ».

Objet actuellement en réserve.

 

objet d'art
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© Chât
Lustre du salon de réception

France, vers 1840

Étonnants objets que ces trois lustres monumentaux presque identiques, qui illuminent les deux salons du premier étage. Ils n’étaient pas prévus initialement pour le château de Pau, mais pour celui de Versailles, devenu Musée d’histoire de la France en 1837. Et même plus précisément pour la salle des Croisades pour laquelle ils avaient été commandés à Chaumont et Marquis, bronziers du roi Louis-Philippe, qui les livrèrent en 1840 – on peut d'ailleurs voir deux des lustres in situ sur un tableau de Prosper Lafaye (1806-1883), peint en 1844 et représentant Louis Philippe, la famille royale et le roi Léopold Ier, visitant la grande salle des Croisades du château de Versailles. Juillet 1844. Aussi ces lustres sont-ils d’une inspiration toute gothique (socles à clochetons, colonne centrale et dais, figures de croisés), alliée à une belle fantaisie décorative (chardons, serpents et dragons ailés). Pourtant si ceux du salon de réception n’arrivèrent à Pau qu’en 1846 après un passage à Versailles, celui du salon d’attente y vint directement dès 1841 et fut alors pourvu d’écus aux armes de Foix, Béarn et Navarre. Les deux grands lustres du salon de réception ont gardé les armes de croisés fameux : on reconnaît ainsi sur le lustre ouest présenté ici celles d’Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis, de Thibaut de Champagne, roi de Navarre, qui prit part à la croisade des Albigeois, de Foulques de Villaret, grand maître de l’ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ; sur le lustre côté est figurent Villiers de l’Ile-Adam, grand maître des chevaliers de Rhodes, le roi de France Philippe Auguste et Archambaud de Bourbon. Les trois lustres ont été entièrement restaurés entre 2012 et 2015 : ils étaient très fortement empoussiérés, le vernis qui protégeait la dorure à la feuille d’or était en mauvais état ou anciennement décapé (lustre du salon d’attente), quelques cabochons en verre coloré et plusieurs armes des chevaliers (lances, grandes épées et dagues) avaient disparu. Après les opérations de restauration menées par Julie Schröter, les lustres ont retrouvé tout leur éclat. Des copies en résine des cabochons et des armes ont été soigneusement replacées. L’ensemble de ces interventions est parfaitement documenté et entièrement réversible.

objet d'art
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Coffret marqueté du XVIIe siècle

Spa (Belgique) XVIIe siècle

C'est en 1842 qu'est envoyé à Pau un "petit coffret en marqueterie d'étain et nacre sur bois d'ébène", dont l'intérieur est tendu de soie cramoisie. Estimé à la coquette somme de 264 francs, ce petit coffre est destiné à la chambre dite d'Henri d'Albret au premier étage du palais. L'attribution de ce précieux objet d'art au château de Pau alors en complète rénovation était justifiée par la présence, au centre du couvercle, d'un médaillon de laiton orné d'un buste d'Henri IV et portant la date gravée de 1607. Un tel coffret, au travail élégant et à l'effigie du roi de France et de Navarre, ne pouvait, pensait-on, qu'avoir appartenu au premier des Bourbons. De là à imaginer qu'il avait renfermé de somptueux bijoux ou des lettres d'amours du Vert galant, il n'y avait qu'un pas... qui fut souvent franchi par des commentateurs un peu trop enthousiastes ! Une nouvelle fois, la restauration de l'objet a permis de faire des découvertes étonnantes. En 2011 en effet, le coffret est confié par la conservation du musée national à Céline Girault, restauratrice spécialisée dans le domaine de la tabletterie : l'artisanat de la tabletterie consiste à fabriquer de petits objets soignés, tels des échiquiers, des articles pour  fumeurs, des étuis ou coffrets, par découpage, montage, assemblage, marqueterie, incrustation etc. La restauratrice fait immédiatement le rapprochement entre ce coffret et des objets similaires fabriqués à Spa, en Belgique, aux XVIIe et XVIIIe siècles : les matériaux employés (bois de poirier noirci et non ébène, étain ou laiton, nacre), les motifs du délicat décor floral réalisé en nacre rehaussée de cires colorées (tulipe, anémone, fritillaire, œillet, jonquille), comme l'organisation de ce décor autour d'un médaillon central sur le couvercle, sont autant de caractéristiques de ce centre de production. Elle émet donc l'hypothèse que l'intérieur du couvercle doit s'orner d'un décor en laque, comme c'est souvent le cas pour les coffrets spadois. La soie anciennement tendue à l'intérieur du coffret en masquait l'intérieur depuis plus d'un siècle et demi. Il est décidé de l'enlever. Cette opération délicate était par ailleurs justifiée par le mauvais état du tissu, très fragile et très pâli, passé du cramoisi au rose pâle, et par l'importante oxydation des semences qui avaient été utilisées pour le fixer. Apparaît alors un petit tableau en laque imitant la laque de Chine. La scène représentée est celle d'une bataille dont les protagonistes semblent porter des costumes d'inspiration orientale. Coffret et tableau de laque sont ensuite soigneusement restaurés par Céline Girault et Anne Jacquin, spécialiste des objets et mobiliers en laque. L'origine spadoise de ce coffret est donc confirmée. Or, on sait que la fabrication des "boîtes de Spa" n'est avérée qu'à partir de 1672 et que l'ajout de "vernis façon de la Chine" n'apparaît que plus tard encore, aux alentours de 1690... Comment dans ces conditions expliquer la présence du médaillon central à l'effigie d'Henri IV et la date de 1607 ? Sans doute faut-il y voir un habile remontage du début du XIXe siècle : le buste d'Henri IV n'est pas sans évoquer le visage du roi dans la monumentale Entrée d'Henri IV à Paris, présentée par le baron Gérard au Salon de 1817 et qui orne la galerie des Batailles de Versailles depuis 1837. Il est probable que l'incrustation du médaillon et la pose de la soie cramoisie aient été réalisées au même moment. Faut-il y voir l'oeuvre de l'antiquaire qui vendit ce coffret à la couronne ? En 1855, la présence d'un petit décor de laque dans le couvercle était encore signalée dans l'inventaire des objets et mobiliers du palais impérial ; le souvenir devait ensuite s'en perdre. Quant à l'authenticité du médaillon, elle ne devait pas être mise en doute jusqu'aux dernières décennies du XXe siècle. La décision de restaurer ce coffret et le travail réalisé par les deux restauratrices ont permis de d'affiner et même de renouveler la connaissance que l'on en avait.  

Vase-cage
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Vase-cage

Japon, Arita, vers 1700

Trois extraordinaires vases arrivèrent au palais impérial de Pau en 1854, sous le Second Empire. Il s’agit de vases-cages, exécutés à Arita, au Japon, grand centre de production de porcelaine, dans les toutes premières années du XVIIe siècle.

L’origine de ces trois objets est connue : à la Révolution, ils furent confisqués au château de Chantilly. Ils appartenaient en effet aux collections qui y furent rassemblées par Louis-Henri de Bourbon-Condé (1692-1740). Ce prince, qui fonda la manufacture de porcelaines de Chantilly, fut un collectionneur avisé de porcelaines et à sa mort possédait plusieurs de ces vases-cages.

Les trois vases envoyés à Pau sont presque identiques : le corps du vase est constitué d’un vase cornet à fond blanc, orné de motifs bleus : des pivoines sur l’extérieur, des dragons à l’intérieur du col du vase. Cet élégant décor bleu et blanc est interrompu par quatre cartouches en forme de lancettes ornés de motifs géométriques dorés. Mais le plus surprenant est la cage de laiton et papier mâché dorés qui ceint la panse du vase. À l’intérieur, sont enfermés des oiseaux et rochers de porcelaine qui se détachent sur un fond doré agrémenté de feuilles de pins. Dotés à l’origine d’anses en forme de tête d’éléphant, ces vases les avaient déjà perdues lors de leur arrivée à Pau.

Ces trois vases-cages détonnent dans le décor du château de Pau où la majeure partie des objets d’art envoyés par le Garde Meuble de la Couronne fut choisie en constante référence à Henri IV et à la Renaissance. De fait, ils témoignent du goût retrouvé sous le Second Empire pour les « chinoiseries » si prisées au XVIIIe siècle et passées de mode depuis la Révolution : l’impératrice Eugénie devait ainsi installer un musée chinois et un salon des laques à Fontainebleau. À Pau, placés dans le grand salon de réception et dans la chambre de l’empereur, puis dans celle de l’impératrice, les trois vases-cages japonais apportèrent ainsi une mise au goût du jour à un décor datant essentiellement de la Monarchie de Juillet. Ils donnent encore aujourd’hui une touche d’exotisme inattendue au vieux château des rois de Navarre.

Pau, musée national et domaine du château, inv. P. 83C