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L'appartement de l'Impératrice

Chambre et boudoir

Selon le Dictionnaire de l'ameublement et de la Décoration d'Henry Havard (1890), un appartement est « un logement de plusieurs pièces, se faisant suite, de plain-pied, dépendantes et combinées de façon à former un ensemble ». L'« appartement de l'impératrice » correspond bien à cette définition. On y trouve un boudoir, une chambre, une antichambre, une salle de bain, une garde-robe, des atours, une chambre de domestique. Toutes ces pièces communiquent et composent un ensemble harmonieux.

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Ici, l’ingéniosité de l’architecte s’est attachée à redistribuer et à éclairer un espace resserré où la tradition place l'ancienne chambre des reines de Navarre au XVIe siècle. La transformation semble avoir été intégralement l'œuvre de l'architecte palois Vincent Latapie. Seule la fenêtre du boudoir est antérieure à ses travaux, les autres fenêtres furent percées pour assurer une luminosité suffisante, tandis qu'une grande glace de Saint-Gobain, placée sur l'un des murs de la chambre, permettait de réfléchir la lumière entrant par la fenêtre sur cour. Les murs du boudoir et de la chambre furent recouverts de lambris de hauteur de chêne clair, qui permirent, outre une mise en valeur des meubles de bois foncé, d'assainir les pièces, de protéger de l'humidité, du froid et du bruit.

Un décor presque complet de la Monarchie de Juillet

Le décor de cet espace date essentiellement de la Monarchie de Juillet et a été aménagé pour le couple royal, Louis-Philippe et Marie-Amélie. Il ne purent venir à Pau et l'appartement reste marqué par le souvenir de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui y passa effectivement à deux reprises, le 26 juin 1855 et le le 26 août 1861.

 

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La tonalité passéiste de ce décor, en constante référence à la Renaissance – cheminées, luminaire livré par les bronziers Chaumont et Marquis -, n'exclut pas la recherche du confort. Ainsi, la « garde-robe » (ou cabinet d’aisance) a été équipée en 1857 d’un système ultra-moderne de toilettes à siphon. Dans la chambre, une table supporte le « verre d'eau », comprenant verre à pied, sucrier et carafe de cristal taillé à filet bleu, livré en 1841 par le fabricant de porcelaine et cristaux parisien Demont. Posé sur un plateau de tôle vernie, cet ensemble permettait de satisfaire l'habitude de consommer le soir eau sucrée ou eau de fleur d'oranger.

En juin 1841, l'appartement était terminé mais encore vide, quand l'un des fils de Louis- Philippe, le duc de Montpensier, vint sur place pour juger de l'avancement des travaux. Les meubles arrivèrent peu après, le 5 juillet 1841. L'appartement était richement doté. Mobilier et objets d'art furent, comme pour l'ensemble des salles du château, parfois spécialement commandés, parfois acquis auprès de marchands de curiosités ou tirés des collections du Garde Meuble.

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Le mobilier fut en majeure partie livré par un tapissier-marchand de meubles parisien, Laflèche, qui avait déjà reçu d'importantes commandes pour le remeublement de Trianon, des Tuileries et de Saint-Cloud. Il fournit en effet les rideaux, embrasses et lambrequins, le lit et les sièges, le tout recouvert d'un lampas bleu gris assorti ainsi que le voulait la mode. Le lit actuel est plus petit que celui qu'avait livré Laflèche. Le lit d'origine se trouve depuis le Second Empire dans la chambre de l'empereur, c'est une véritable pièce d'architecture en chêne clair, auquel des colonnes torse donnent un cachet Renaissance.

 

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Des achats vinrent compléter cette commande. En 1841, l'armoire « italienne » qui se trouve dans la chambre à coucher fut ainsi acquise auprès d'un ébéniste parisien, Laurent, pour la forte somme de 600 francs, afin de servir d'armoire à linge. Il s'agit d'un remontage en noyer et frêne verni de précieux panneaux anciens en ébène ornés de scènes sculptées : David dansant devant l'Arche d'alliance, une femme (Esther?) se tenant devant un roi, la rencontre de Joachim et Anne à la Porte Dorée, la rencontre d'Eliézer et Rébecca. Le baromètre-thermomètre en bois doré Louis XVI est arrivé à Pau en 1846, pour le boudoir.

Enfin, l'un des principaux ornements de cet appartement devait être constitué de tapisseries des Gobelins qui s'inséraient dans les lambris. Il s'agit des tableaux de tapisserie de la tenture de l'Histoire d'Henri IV sur des cartons de François-André Vincent : Henri IV et le meunier Michaud ornait le boudoir, Henri IV devant Paris et L'évanouissement de Gabrielle, la chambre. Ces tapisseries arrivèrent dès 1840 à Pau. Il était également prévu que des portraits, sans doute ceux des cinq fils de la famille royale, ornent l'un des murs du boudoir. Ils ne furent jamais envoyés.


Quelques ajouts Second Empire

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En 1842, était arrivée à Pau une « toilette à la reine » en acajou. Elle était certainement destinée au boudoir, mais fut remplacée en 1854 par la ravissante toilette à rideaux froncés de tulle et volants de mousseline brodée, actuellement placée dans le boudoir face à un grand miroir de Venise à encadrement de glaces biseautées et découpées sur fond d’azur (XVIIIe siècle). Elle est garnie d'un délicat ensemble en porcelaine de Sèvres à fond blanc semé de roses et bleuets - cuvette, pot à eau et flambeaux-, envoyé à Pau dès 1853 et complété de pièces de porcelaine blanche à filets dorés (boîtes à éponge, à pommade, à pâte etc).

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Les pendules de la chambre et du boudoir n'arrivèrent respectivement qu'en 1853 et 1855. Pour la chambre, une pendule religieuse de la seconde moitié du XVIIe siècle, signée Jean Martinot, est placée sur la cheminée. Dans le boudoir, le petit cartel Régence signé Charles Voisin (+ en 1760) et sa console ornent le mur ouest. On notera aussi un vase-cage qui fait partie d'une dotation de trois vases entrés à Pau en 1853 ; les deux autres se trouvent dans le salon de réception. Enfin, un buste en plâtre de l'impératrice Eugénie par Emilien de Nieuwerkerke orne le dessus de cheminée du boudoir. Il fut envoyé au château en 1853 à la demande du régisseur, très inquiet de ne pas disposer de buste officiel de l'empereur et de l'impératrice, alors que la venue à Pau des souverains était annoncée.

Le cabinet de garde-robe ou cabinet d'aisance

Le cabinet de garde-robe est situé dans une pièce peu accessible. Il fait l'objet d'une évocation dans une vitrine de l'antichambre où sont présentés des meubles en acajou (bidet, table à écrire) et des objets de toilette en porcelaine de Sèvres.

Un autre ensemble de toilette est exposé dans la vitrine murale de l'antichambre : pots à eau et cuvettes, pots de chambre et bourdaloues assortis. Ces derniers sont des vases de nuit de forme oblongue, dont le nom, selon une légende tenace, viendrait de celui du célèbre prédicateur du règne de Louis XIV, connu pour la longueur de ses sermons. Tous ces objets de toilette sont de précieuses productions de la Manufacture de Sèvres, la plupart au chiffre de Louis-Philippe ou de Napoléon III, quelques-uns remontant au Ier Empire et à la Restauration.

La salle de bains

La salle de bains a retrouvé depuis 2002 son emplacement d'origine, près de la chambre, devant la cheminée du XVe siècle. Cette cheminée avait été à moitié détruite pour construire sous Louis-Philippe la cloison de la salle de bains. Sous le Second Empire, s'y trouvait une baignoire en marbre gris des Pyrénées à robinets à col de cygne, pourvue d'un meuble sous lequel elle s'encastrait : un dessus de baignoire formant divan, recouvert de tissu rayé blanc et vert.

Les atours

Les Atours sont une petite pièce équipée en 1853 de deux vastes armoires destinées à recevoir le linge et les vêtements de l'Impératrice. Elle fut entièrement recouverte de boiseries, dont les parties en hauteur étaient recouvertes de cuir gaufré. Cette pièce communiquait avec la chambre de domestique et l'antichambre de l'impératrice. Elle sert aujourd'hui de réserve.

À la recherche de l'œuf perdu
Les 16, 22 & 26 avril 2024 - 1h - 6-10 ans
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