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Dix Chefs-d’œuvre

période

Dix Chefs-d'œuvre

Les objets

objet d'art
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Le berceau-carapace - Un objet de légende

Décor : France, 1822

Objet emblématique du château de Pau, le berceau-carapace occupe une place de choix au cœur du palais restauré sous la Monarchie de Juillet, dans une chambre natale entièrement reconstituée et hautement symbolique. Cette carapace de tortue de mer a été dotée en 1822 d'un décor guerrier qui évoque les hauts faits d'armes d'Henri IV : six lances de bois doré, surmontées d'une couronne de lauriers et d'un casque superbement empannaché de plumes blanches.

Les étendards aux lis de France et chaînes de Navarre rappellent que le roi Bourbon fut le premier souverain à réunir les deux couronnes et à porter un titre qu'il transmettra à ses successeurs. Redécouvert au XVIIIe siècle, le berceau-carapace devait être l'objet d'un véritable culte jusqu'à la Révolution française, où il ne fut préservé que grâce à un subterfuge. Véritable nacelle du futur roi qui naît à Pau le 13 décembre 1553 ou berceau légendaire, cet objet étonnant témoigne bien de l'aura particulière qui entoure le personnage d'Henri IV.

Carapace de tortue, berceau supposé d'Henri IV by Rmn-Grand Palais on Sketchfab

 

       

Pour en savoir plus avec l’émission « Les Mystères de l’art - n°7 » avec Olivier Besse sur France 3 Nouvelle-Aquitaine :

 

https://www.youtube.com/watch?v=ch2gGrxD6GM

Peinture
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Portrait d'Henri IV en Mars

Henri IV dit "en Mars" Vers 1605-1606

 

C'est un Henri IV athlétique et triomphant que l'on peut admirer sur ce portrait fameux, successivement attribué à Ambroise Dubois puis à Jacob Bunel, deux des peintres du roi appartenant à la seconde école de Fontainebleau. Datant des premières années du XVIIe siècle (vers 1605-1606), cette grande huile sur toile a sans doute appartenu au décor rénové de l'un des palais du roi. Henri IV y est représenté en empereur, triomphateur d'ennemis dont il foule aux pieds les dépouilles, armures, casques, armes.

 

La tête couronnée de lauriers, tenant le bâton de commandement dans la main droite, le roi est revêtu d'une armure d'un rose soutenu qui contraste fortement avec le vert des rideaux de fond. Le visage d'Henri IV, très expressif, aux cheveux et barbe grisonnant, aux fines rides et léger sourire est celui d'un souverain, certes triomphant, mais aussi bienveillant dont le règne se veut pacificateur.

Peinture
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Don Pedro de Tolède baisant l'épée d'Henri IV

1819

 

Jean-Auguste-Dominique Ingres a montré un intérêt constant pour l'histoire et la légende d'Henri IV  : il releva ainsi quatorze sujets dans l'Histoire de Henri le Grand de Hardouin Beaumont de Péréfixe et d'autres ouvrages historiques. Le thème illustré par ce tableau est le suivant : l'ambassadeur d'Espagne, don Pedro de Tolède croisant un page qui portait l'épée d'Henri IV mit genoux à terre devant lui pour, selon ses propres mots, "baiser l'épée la plus glorieuse de la chrétienté". Bel hommage d'un homme et d'un pays dont les relations avec la France et son roi étaient pourtant difficiles !

   

Cette anecdote attira plus particulièrement l'attention du peintre puisqu'on connaît pas moins de quatre versions de cette scène, dont une de 1820 a été récemment acquise pour le Louvre d'Abou Dhabi. La première version, présentée au Salon de 1814, ayant disparu, celle de Pau est la plus ancienne aujourd'hui conservée. C'est aussi la plus proche de l'original. Elle fut donnée par Ingres à son ami le peintre Jean Alaux pour lequel il la réalisa en 1819. 

Tapisserie
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La Galerie de Saint-Cloud-Le Printemps ou le mariage de Flore et de Zéphyr

Manufacture des Gobelins Vers 1712-1717

Le visiteur peut admirer deux pièces de la tenture de La Galerie de Saint-Cloud, dans la chambre dite de Jeanne d’Albret, pour laquelle elles entrèrent au château de Pau en 1849. Y figurent des scènes mythologiques illustrant des saisons : Le mariage de Flore et de Zéphyr, symbole du printemps et Cybèle implorant le retour du soleil pour l’hiver. La taille imposante de ces tapisseries rappelle qu’elles furent copiées par la manufacture des Gobelins d’après les peintures du peintre Pierre Mignard qui ornaient les murs de la grande galerie du château de Saint-Cloud, propriété du duc d’Orléans, frère de Louis XIV. Ce château brûla en 1870... et les tapisseries sont aussi des témoignages de la beauté de ces peintures disparues, qui inspirèrent à six reprises les ateliers de la Manufacture des Gobelins. Les deux pièces conservées au Musée national appartiennent à la quatrième tenture tissée entre 1712 et 1717, d’après des cartons exécutés par deux peintres attachés à la manufacture, Jean-Baptiste Monnoyer (Le Printemps) et Bourguignon (L’Hiver). Un autre artiste, Jean-Baptiste Blain de Fontenay, créa des bordures originales, dont les motifs sont en rapport direct avec la saison représentée (fleurs, fruits, fontaines glacées, gibiers...). Le thème de la tapisserie du Printemps est inspiré des Métamorphoses d’Ovide : le récit de l’union de Flore, déesse des jardins et des fleurs, et de Zéphyr, dieu du léger vent d’ouest, dont devait naître le Printemps. Au-delà d’une illustration du goût de l’époque pour les jardins d’agréments, le tableau, ainsi retranscrit en tapisserie, était une allégorie toute à la gloire de Louis XIV assimilé au soleil, dispensateur de bienfaits et d’abondance. Il est également, par la flamboyance de ses tonalités, la profusion des éléments floraux, la chatoyance des étoffes, la sensualité qui se dégage de la pose alanguie de Flore, un hymne à la jeunesse, à l’amour et une exaltation des sens. Il est à noter que pour les premières tentures, cette sensualité même attira les foudres pudibondes de Madame de Maintenon qui fit voiler la nudité de la déesse. Dans la tapisserie conservée à Pau, Flore, exempte de tout voile de pudeur, se présente dans toute sa splendide nudité.

 

Sculpture
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Henri IV enfant

1828 - Version en bronze d'après la statue de plâtre présentée au Salon de 1822.

François-Joseph Bosio fut l'un des sculpteurs préférés du roi Louis XVIII. C'est sous son règne qu'il créa cette statue de Henri IV enfant dont le modèle en plâtre fut présenté au Salon de 1822. Un hommage subtil à la dynastie des Bourbons restaurée après la Révolution et l'Empire que ce portrait enfantin de son illustre fondateur. Cette effigie connut un succès considérable. Il s'agit de l'oeuvre sculptée la plus copiée de la Restauration : on en connait des versions en argent (Musée du Louvre), marbre (Château de Versailles et Musée des Beaux-Arts de Pau) ou bronze comme la sculpture présente dans les collections du château de Pau depuis le XIXe siècle. Des réductions de bronze furent également produites en grand nombre par la maison Barbedienne, permettant à cette oeuvre d'entrer dans les foyers aristocratiques ou bourgeois.

Le jeune Henri de Navarre, futur Henri IV, est représenté tête nue, adossé à un tronc d'arbre, la main gauche serrée sur son épée, la jambe droite légèrement fléchie. L'exceptionnelle qualité de la sculpture, la pose naturelle, la fraîcheur et le charme juvénile de cet Henri IV enfant firent son succès autant que les considérations dynastiques.

 

Henri IV enfant by Rmn-Grand Palais on Sketchfab

 

 

Mobilier
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Le bargueño

Espagne, XVIIe siècle

Ce superbe bargueño a été acheté pour le château de Pau en 1839. Le vendeur l'avait lui-même acquis à Malte, une origine géographique qui enflammera les imaginations du XIXe siècle. Le meuble est alors décrit sous le nom de "coffre de Saint-Louis" ou "de Jérusalem" et une légende veut qu'il ait été donné à saint Louis par le Vieux de la Montagne, chef de la secte des Assassins au XIIIe siècle... De fait, il est typique de la production de la ville de Bargas, près de Tolède, grand centre de marqueterie aux XVIe-XVIIe siècles.

Doté de nombreux tiroirs dont plusieurs à secret, d'un abattant fermant à clef aux superbes ferrures et de deux poignées, ce coffre portatif servait tout à la fois à l'écriture et au transport de documents ou de petits objets. Le piètement d'origine a disparu et l'on a fabriqué pour le remplacer au XIXe siècle un support à colonnes torses. Le très beau décor du bargueño est constitué de plaques d'ivoire, d'incrustations de métal, de fines colonnes dorées et de petits boutons en forme de coquilles Saint-Jacques qui évoquent les coffres portatifs des pèlerins de Compostelle.

 

Mobilier
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Lit dit "de Jeanne d'Albret"

Lit de style Renaissance, dit de Jeanne d'Albret - Éléments XVIe-XIXe siècles

Ce lit monumental a été envoyé à Pau en 1842, au moment du complet remeublement du château. Il était d'emblée destiné à la chambre dite "de Jeanne d'Albret", reconstituée au sein des Appartements historiques du deuxième étage. Très vite la date de 1562 sculptée au centre d'une frise à palmettes, surmontée d'un cartouche portant une vache, a suscité l'identification de ce lit à celui de la reine de Navarre. De fait, il s'agit comme souvent pour le mobilier présent au château de Pau, d'un savant remontage de panneaux et bois sculptés anciens. Cette re-création du XIXe siècle ne manque ni de beauté ni d'intérêt. La forme du meuble est très fidèle à celle des lits de l'époque Renaissance : surélèvement par rapport au sol pour éviter le froid, dimensions réduites de la longueur (on dormait à demi-assis), présence de rideaux permettant de créer une véritable petite chambre à l'abri des regards comme des courants d'air, accès par l'arrière du lit, découpé avec une grande ogive... Les sculptures du guerrier endormi et de la chouette, symboles évidents du sommeil et de la nuit, sont de subtils remplois anciens. 

 

objet d'art
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Jeu de Jacquet ou tric-trac

France, entre 1594 et 1610

Ce précieux objet d'art date de la fin du XVIe ou des premières années du XVIIe siècle : il porte en effet le chiffre et l'emblème adoptés par Henri IV après son avènement. Le coffre est en noyer, il est incrusté de bois teint en vert, de nacre et d'ivoire. L'intérieur forme un jeu de tric-trac ou de jacquet et l'extérieur un jeu d'échecs. Sa destination précise reste inconnue : s'agissait-il d'un jeu à l'usage du souverain ou destiné à être offert par lui à un membre de son entourage ? C'est en tout cas un beau témoignage du savoir-faire d'artisans parisiens spécialisés dans la production d'objets précieux pour la Cour.

Le jeu entra au Musée du Louvre en 1828 avec la collection de Pierre Revoil. Ce peintre lyonnais était grand amateur d'histoire et d'objets d'art qu'il collectionnait pour composer une véritable "cabinet gothique" propre à l'inspirer. Sous le Second Empire, le jeu de jacquet fut présenté au Louvre au sein du Musée des souverains, dédié à tous les souverains de la France, voulu par Napoléon III. Ce n'est qu'en 1932 que le jeu de jacquet-échiquer vint au musée national du château de Pau où il est conservé depuis cette date.

 

  

 

Sculpture
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Henri IV en pied

Marbre, vers 1605

Cette majestueuse sculpture d'Henri IV a été commandée en 1605 au sculpteur Pierre de Franqueville (ou Francheville), élève du fameux Jean de Bologne. Originaire de Cambrai, Franqueville avait fait carrière à Florence et à Pise auprès des Médicis. C'est sans doute sous l'influence de la reine Marie de Médicis qu'Henri IV le fit venir à la cour de France en 1604. Et c'est la reine elle-même qui lui passa commande de cette effigie. Après avoir figuré au palais du Louvre, puis au Musée des monuments français créé sous la Révolution, la statue fut envoyée à Pau en 1819 par Louis XVIII, lointain descendant du premier des Bourbons. D'abord placée dans les jardins, elle fut installée dans la salle à manger aux cent couverts sous le Second Empire. Le roi, bien plus grand que nature, est représenté en armure, portant le manteau fleurdelysé et les ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. La tête couronnée de lauriers, il tient à la main le bâton de commandement. À ses pieds gisent les dépouilles de ses ennemis, gantelets, épée brisée et même affut de canon à tête de chien... C'est bien un triomphateur altier qui est ici représenté.

Henri IV by Rmn-Grand Palais on Sketchfab

Tapisserie
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Les adieux d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées

Paris, Manufacture des Gobelins

Fin XVIIIe siècle

Un projet de cadeau diplomatique est à l'origine de la tenture de l'Histoire d'Henri IV tissée par la Manufacture des Gobelins à la fin du XVIIIe siècle. En mai et juin 1782, le grand-duc Paul, héritier du trône de Russie et futur tsar Paul 1er et son épouse Marie Féodorovna séjournèrent à la cour de France, où il furent somptueusement reçu. Le grand duc étant amateur des tissages des Gobelins, il fut décidé de lui offrir une tenture spécialement créée pour l'occasion. Quel meilleur thème pour ces tapisseries que l'histoire d'Henri IV, glorieux aïeul du roi Louis XVI ?

Le comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures de France, commanda donc au peintre François-André Vincent quatre tableaux glorifiant Henri IV, d'après lesquels faire tisser par les Gobelins une suite de tapisseries : deux scènes devaient représenter le roi seul, deux le roi avec son ministre Sully. Vincent s'exécuta entre 1783 et 1785. Il reçut alors la commande supplémentaire de deux tableaux mettant en scène le roi Bourbon et sa maîtresse Gabrielle d'Estrées. Le peintre emprunta ses sujets à trois œuvres littéraires très en vogue en cette fin du XVIIIe siècle : La Henriade, poème épique de Voltaire, les Mémoires de Sully et La partie de chasse de Henri IV, pièce de théâtre de Charles Collé. La tenture complète devait se composer des six pièces suivantes : Henri IV faisant livrer des vivres à Paris assiégé ; Les adieux d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées ; L'évanouissement de Gabrielle; Henri IV rencontrant Sully blessé ; Henri IV relevant Sully ; Henri IV et le meunier Michaud.

ll semble que cette tenture destinée au grand-duc ne fut que partiellement tissée et qu’elle ne lui parvint jamais. Au début de l’Empire, puis sous la Restauration, le tissage de deux nouvelles tentures d’après les cartons de Vincent fut entrepris. Le Mobilier National conserve aujourd’hui encore quatre pièces, revenues du château de Pau en 1896, tandis que six autres se trouvent toujours au château, où cinq sont présentées dans le couloir Bernadotte. Le rattachement de ces pièces à une tenture précise reste difficile.