Le bon roi Henri

Qui ne connaît le Vert galant, le panache blanc ou la poule au pot ? Parmi tous les rois qui présidèrent aux destinées de la France, Henri IV est sans conteste celui qui fut et reste l'objet d'une ferveur bon enfant et jouit d'un fort capital de sympathie, "le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire". Sa destinée hors du commun, son rôle pacificateur, son caractère même, tout à la fois royal et empreint de bonhomie, se prêtaient à la légende. De son vivant déjà, ses faits d'armes, ses amours, ses bons mots étaient rapportés, colportés. Après sa mort, on les regroupa à la suite des récits de sa vie. Ce fut en particulier l'œuvre de Hardouin de Péréfixe, avec l'Histoire d'Henri le Grand, parue en 1661. La légende du "bon roi Henri" culmine au XVIIIe siècle dans la littérature et les arts. La Henriade, poème épique de Voltaire, est imprimée à Londres en 1728. Ses dix chants en alexandrins célèbrent "ce héros qui régna sur la France // Et par droit de conquête et par droit de naissance" et composent une image du premier des Bourbons appelée à une belle postérité. Les dessinateurs et graveurs de grand talent qui furent amenés à collaborer dès l'origine aux éditions de La Henriade contribuèrent également à ce succès. Henri IV ravitaillant Paris assiégé ou quittant à regret la belle Gabrielle d'Estrées sont autant de scènes qui seront reprises à l'envi par les artistes du XVIIIe et des premières années du XIXe siècle. Allégorie autour du buste d'Henri IV et d'un médaillon représentant la comtesse de Gramont Nicolas-Guy Brenet (1728-1792) v. 1776 Esquisse. Huile sur toile H. 0,412 x L. 0,440 m. Musée national du château de Pau Henri IV, fondateur de la dynastie des Bourbons Car la popularité d'Henri IV est encore réactivée par la création d'une pièce de théâtre à succès, La partie de chasse d'Henri IV de Charles Collé (1766) qui met en scène un roi bon vivant et proche de son peuple. Enfin, au tout début du règne du jeune Louis XVI, le rapprochement opéré à dessein entre le nouveau roi et son sage ancêtre s'accompagne d'une abondante production gravée. Aussi, après la tourmente révolutionnaire, les Bourbons de retour sur le trône de France vont-ils jouer à plein la carte du fondateur de leur lignée. La propagande légitimiste rapproche dans les estampes Henri IV, Louis XVIII et ses descendants. Le fils posthume du duc de Berry, celui que l'on a surnommé "l'enfant du miracle", est appelé Henri. Et en peinture, le courant dit "troubadour" privilégie la représentation de scènes historiques où le pittoresque domine. Le personnage d'Henri IV est bien sûr l'un des sujets de prédilection des peintres de cette veine. Visite des habitants de la vallée d'Ossau au berceau d'Henri IV Henri-Pierre Poublan (Pau 1822-?) 1844 Huile sur toile H. 1,380 x L. 2,110 m. Musée national du château de Pau Le culte henricien De cette légende, la carapace de tortue qui aurait servi de berceau au jeune Henri de Navarre, constitue un élément central. Dès le XVIIIe siècle, elle est l'objet d'un véritable culte dans la capitale du Béarn : elle est portée solennellement lors de processions dans les rues de la ville, donne son nom à la loge maçonnique puis à la première garde civique paloise en 1789. Seule, la Terreur révolutionnaire ose porter atteinte à ce qui était considéré comme une relique : le 1er mai 1793, la carapace est brûlée en place publique. Mais toute relique se doit de susciter son miracle : grâce à la complicité du commandant militaire de la place, c'est une autre carapace de tortue, appartenant à un collectionneur local, qui est détruite. Le collectionneur, Monsieur de Beauregard, restitue solennellement l'objet à Louis XVIII en 1814. Ce roi le dote dix ans plus tard d'un décor de lances et de casque empanaché en bois doré et de textiles aux armes de France et de Navarre. La restauration du décor intérieur du château de Pau par Louis-Philippe à partir de 1838 tourne entièrement autour de ce berceau légendaire, qu'elle place au deuxième étage, dans une pièce qu'une tradition incertaine donne pour être la chambre d'Henri IV, un roi hors du commun, de sa naissance à sa mort. Henri IV foulant aux pieds l'Hydre de l'anarchie (maquette) Augustin Pajou (1730-1809) 1785 Terre cuite H. 32,5 x L. 16,7 x pr. 15 cm Musée national du château de Pau Un monument à la gloire d’Henri IV Les tantes du roi Louis XVI avaient eu l'idée d'un monument à la gloire d'Henri IV pour orner la terrasse du château de Bellevue. La maquette, réalisée en terre cuite par le sculpteur Augustin Pajou (Paris, 1730-Paris, 1809), fut présentée en 1786 et payée l'année suivante. Mais le monument lui-même ne fut jamais réalisé. Le projet était inspiré par une raison historique : l'emplacement, près de Bellevue, du campement d'Henri IV au moment du siège de Paris ; et par un souci politique : le rapprochement de la figure du bon roi avec celle de Louis XVI. Henri IV est figuré en général triomphateur, empli d'une majesté toute royale. Les bas-reliefs qui devaient orner le piédestal de la statue représentent plusieurs épisodes de la vie et la légende du roi, en particulier celui du siège de Paris au cours duquel Henri IV, magnanime, fit ravitailler les parisiens affamés. L'iconographie est très inspirée des cartons réalisés par le peintre Vincent pour la tenture de l'Histoire d'Henri IV .

Jazz aux jardins - Koumata trio
Samedi 7 septembre - 1h15
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