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Henri IV et Gabrielle d’Estrées

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« Au fond de ces jardins, au bord d’une onde claire,
Sous un myrte amoureux, asile du mystère,
D’Estrées à son amant prodiguait ses appâts ;
Il languissait près d’elle, il brûlait dans ses bras. »

La Henriade, poème épique en dix chants publié en 1728 à Londres par Voltaire, exalte l’épisode du siège de Paris par Henri IV et les vertus d’un roi qui saura triompher des fanatismes. Dans le chant IX, c’est aussi le héros amoureux qui est dépeint, se délassant dans les bras de sa maîtresse Gabrielle d’Estrées, avant que Duplessis-Mornay ne le rappelle à ses devoirs guerriers. Cette épopée connut un vif succès et les meilleurs dessinateurs du temps  illustrèrent ses éditions successives, Gravelot, Moreau le Jeune… et Charles Eisen qui travailla aux éditions de 1751 et 1767 et dont les illustrations furent particulièrement appréciées de Voltaire : « je commence à croire, Monsieur, que La Henriade passera à la postérité en voyant les estampes dont vous l’embellissez. »
Charles Eisen, formé au dessin et à l’art de la composition auprès de son père, apprit la gravure en 1741 en entrant dans l’atelier de Le Bas à Paris. Il se fit connaître comme vignettiste de talent et son illustration des Contes de La Fontaine en 1762 devait contribuer à sa renommée. Devenu l’un des protégés de Madame de Pompadour, il obtint les charges de professeur de dessin et de peintre et dessinateur du cabinet du roi, avant de connaître la disgrâce et l’exil à Bruxelles en 1777.
Si on peut le rapprocher des estampes exécutées par Eisen pour les éditions de 1751 et 1767 de la Henriade, ce charmant dessin est un projet pour un tableau aujourd’hui perdu et qui ne nous est connu que par une gravure de Martin de Monchy. Le dessin appartint aux collections des frères Goncourt qui en appréciaient « la grâce d’un petit Boucher historique ».

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