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Découvrez une sélection de tapisseries

La collection de tapisseries du château de Pau

Les objets

Tapisserie
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Les Chasses de Maximilien-Le cerf au buisson (mois d'août)

Manufacture des Gobelins Vers 1720-1730

La tenture originale des Chasses de Maximilien est aujourd’hui conservée au musée du Louvre. Elle comporte douze pièces, correspondant aux douze mois de l’année et a été tissée en haute lisse et avec des fils précieux à Bruxelles vers 1531-1533, d’après des cartons du peintre flamand Barend Van Orley, assisté de Jean Tons. Cette tenture, très certainement commandée par les Habsbourgs, fut acquise au XVIe siècle par la famille de Guise, d’où son surnom de Belles chasses de Guise. Elle passa ensuite aux mains de Mazarin, puis, à la mort du cardinal, vint enrichir les collections de Louis XIV. Elle servit alors de modèle pour les ateliers de la Manufacture des Gobelins qui la copièrent à huit reprises. Les deux pièces qui ornent les murs du salon d’attente et les sept pièces de la salle des cent couverts appartiennent respectivement à la première tenture tissée par les Gobelins en 1685-1687 pour le roi Louis XIV et à la septième tissée pour le duc d’Antin, dans les années 1720-1730. Parfaites illustrations de l’art cynégétique (ou art de la chasse), occupation princière par excellence, ces tapisseries sont également des œuvres novatrices dans leur composition : extrême précision du paysage représenté - la forêt de Soignes dans les environs de Bruxelles -, introduction d’une perspective suggérée par les différences de tailles et de coloris, insertion des personnages dans le décor. Appartenant à la septième tenture, la pièce Le cerf au buisson, qui constitue le fragment gauche du mois d'août illustre à merveille la virtuosité des lissiers. Ils ont su rendre perceptible la frayeur du cerf cherchant à échapper à ses poursuivants (Les limiers, fragment droit du mois d'août), en se cachant derrière un buisson de digitales et de ronces aux fruits murs, alors qu'à l'arrière-plan d'autres cervidés sont prêts à succomber sous les assauts des chiens.

Tapisserie
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La Galerie de Saint-Cloud-Le Printemps ou le mariage de Flore et de Zéphyr

Manufacture des Gobelins Vers 1712-1717

Le visiteur peut admirer deux pièces de la tenture de La Galerie de Saint-Cloud, dans la chambre dite de Jeanne d’Albret, pour laquelle elles entrèrent au château de Pau en 1849. Y figurent des scènes mythologiques illustrant des saisons : Le mariage de Flore et de Zéphyr, symbole du printemps et Cybèle implorant le retour du soleil pour l’hiver. La taille imposante de ces tapisseries rappelle qu’elles furent copiées par la manufacture des Gobelins d’après les peintures du peintre Pierre Mignard qui ornaient les murs de la grande galerie du château de Saint-Cloud, propriété du duc d’Orléans, frère de Louis XIV. Ce château brûla en 1870... et les tapisseries sont aussi des témoignages de la beauté de ces peintures disparues, qui inspirèrent à six reprises les ateliers de la Manufacture des Gobelins. Les deux pièces conservées au Musée national appartiennent à la quatrième tenture tissée entre 1712 et 1717, d’après des cartons exécutés par deux peintres attachés à la manufacture, Jean-Baptiste Monnoyer (Le Printemps) et Bourguignon (L’Hiver). Un autre artiste, Jean-Baptiste Blain de Fontenay, créa des bordures originales, dont les motifs sont en rapport direct avec la saison représentée (fleurs, fruits, fontaines glacées, gibiers...). Le thème de la tapisserie du Printemps est inspiré des Métamorphoses d’Ovide : le récit de l’union de Flore, déesse des jardins et des fleurs, et de Zéphyr, dieu du léger vent d’ouest, dont devait naître le Printemps. Au-delà d’une illustration du goût de l’époque pour les jardins d’agréments, le tableau, ainsi retranscrit en tapisserie, était une allégorie toute à la gloire de Louis XIV assimilé au soleil, dispensateur de bienfaits et d’abondance. Il est également, par la flamboyance de ses tonalités, la profusion des éléments floraux, la chatoyance des étoffes, la sensualité qui se dégage de la pose alanguie de Flore, un hymne à la jeunesse, à l’amour et une exaltation des sens. Il est à noter que pour les premières tentures, cette sensualité même attira les foudres pudibondes de Madame de Maintenon qui fit voiler la nudité de la déesse. Dans la tapisserie conservée à Pau, Flore, exempte de tout voile de pudeur, se présente dans toute sa splendide nudité.

 

Tapisserie
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Les mois Lucas-Le jeu de cartes (mois de février)

Manufacture des Gobelins 1688-1689

La tenture des Douze mois, plus connue sous l’appellation Mois Lucas, s’organise autour des mois de l’année. Chaque mois est symbolisé par le signe du zodiaque placé en médaillon dans la bordure supérieure et illustré par des scènes de genre, en rapport avec le rang des personnages et la saison représentés. Cette tenture tire son nom du créateur supposé de la tenture originale, exécutée à Bruxelles au XVIe siècle, le flamand Lucas de Leyde ; les recherches récentes tendent toutefois à attribuer cette paternité à un artiste l’entourage de Barend Van Orley, lui-même créateur des modèles des Chasses de Maximilien. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Gobelins produisirent pas moins que douze tentures d’après les Mois originaux, témoignant du succès de ces scènes flamandes auprès de l’aristocratie. Le Musée national du château de Pau conserve des pièces appartenant à trois de ces tentures : la deuxième (1688-1689) destinée à Louis XIV, la sixième (années 1730) à la princesse de Conti et la septième (1731-1735) au roi de Pologne, Stanislas Leczinski, dont les armes et le chiffre furent tissés dans la bordure. Seules les pièces des deux premières sont visibles dans le parcours de visite : elles ornent les murs de la salle à manger aux Cent couverts, où elles sont associées aux Chasses de Maximilien, du grand salon de réception et de la chambre de l’empereur. Comme les autres tapisseries des collections, ces pièces furent tout spécialement choisies pour le château de Pau nouvellement restauré au XIXe siècle. Les scènes et l’époque représentées (le XVIe siècle) expliquent certainement la raison d’un tel choix : ces divertissements princiers (chasse, concert champêtre, tir à l’arc, jeux de cartes) et leurs pendants populaires (travaux des champs, pêche, jardinage ou tonte des moutons) renvoyant à une évocation d'une vie quotidienne idéalisée du temps des rois de Navarre. Au mois de février (signe des Poissons) correspond une scène d'intérieur : bien au chaud grâce au feu qui flambe joyeusement dans une cheminée richement ornée, revêtus de lourds manteaux fourrés, des aristocrates s'adonnent aux plaisirs coupables du jeu, jeu de cartes, jeu de tric-trac, sous l'oeil sans complaisance de leurs domestiques, plus occupés, semble-t-il, à observer et commenter la scène qu'à s'activer à leurs propres tâches...  

Tapisserie
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Les mois arabesques - Jupiter (mois de juillet)

Manufacture des Gobelins Vers 1687-1688

Sous la dénomination de Mois arabesques ou Mois grotesques, le Musée national du château de Pau conserve huit tapisseries appartenant à deux tentures consécutives tissées par la manufacture parisienne des Gobelins. Les quatre pièces qui ornent les murs de la "chambre natale" du futur Henri IV appartiennent à la première tenture dont les douze pièces correspondent aux mois de l'année, symbolisés par leur signe du zodiaque et une figure du panthéon gréco-romain. Les cartons de cette tenture, tissée en 1687-1688 pour Trianon, ont été réalisés par François Verdier et reproduisent les motifs de la tenture originale (Italie, XVIe siècle), dont le peintre Giulio Romano avait dessiné les figures mythologiques, et qui fut détruite en 1797. Les grotesques (de l'italien grottesca, de grotta, grotte) qui donnent leur nom à ces tapisseries furent des motifs très prisés dans l'iconographie de la fin du XVe et du XVIe siècle, après la découverte d'importants vestiges romains, comme la fameuse Maison dorée de Néron. Ces éléments décoratifs d'une fantaisie débridée resteront en vogue jusqu'au XVIIIe siècle. Ils allient personnages fantastiques et animaux chimériques, motifs floraux ou architecturaux exubérants. Sur un fond d'un rouge éclatant, ils encadrent d'un désordre savant les grandes figures des dieux antiques qui forment le sujet central de chaque pièce : Junon (mois de janvier) ; Mercure (mois de juin) ; Jupiter (mois de juillet) ; Diane (mois de novembre). Dans la chambre natale du futur Henri IV, dont le décor hautement symbolique fut reconstitué au XIXe siècle, la figure du roi des dieux, Jupiter, brandissant le foudre de la main droite et flanqué de l'aigle, ne pouvait que trouver une place de choix : face au berceau-carapace.

 

Tapisserie
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L'Histoire de Moïse - Moïse exposé sur les eaux

Manufacture des Gobelins 1685

Au début des années 1680, une tenture de L'Histoire de Moïse en dix pièces fut mise en chantier sur les métiers de haute lisse des Gobelins. Les peintres de la Manufacture en réalisèrent les modèles en transposant des tableaux de Nicolas Poussin pour huit des pièces, les deux autres étant inspirées d'oeuvres de Charles Le Brun. Cet ensemble rencontra un vif succès dont témoignent les nombreux retissages : pas moins de six tentures furent ainsi tissées par la Manufacture jusqu'à la fin du règne de Louis XIV. La pièce Moïse exposé sur les eaux, livrée au Garde meuble de la couronne en 1685, appartient à la deuxième tenture de haute lisse à or. Seule la partie gauche de la scène est conservée à Pau : y figure le père de Moïse s'éloignant à regret du Nil où il vient d'abandonner son fils dans un berceau. Elle est toujours présentée aujourd'hui dans la chambre dite de Jeanne d'Albret au deuxième étage du château, pour laquelle elle fut envoyée en 1849, en même temps qu'une autre pièce de L'Histoire de Moïse, d'après Le Brun, Le buisson ardent, appartenant à la troisième tenture tissée en basse lisse à or (1685). La tenture de L'Histoire de Moïse est un exemple remarquable de l'art et du savoir-faire des artistes et artisans de la Manufacture des Gobelins : qualité de la transposition d'oeuvres peintes de petits formats en tapisserie, équilibre des compositions, jeux subtils des coloris et des rehauts apportés par les fils précieux. Ces deux tapisseries ont bénéficié récemment de systèmes d'accrochage personnalisés, permettant de les présenter dans les meilleures conditions de conservation (Voir Actualité des collections).

Tapisserie
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Tenture des Enfants jardiniers - L'Eté

Manufacture des Gobelins XVIIIe siècle, après 1717

La tenture des Enfants jardiniers fut tissée au début du XVIIIe siècle par les ateliers de la Manufacture des Gobelins, pour Marie-Anne de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV, devenue princesse de Conti. De cette tenture créée sur le thème des quatre saisons, le Musée national conserve trois pièces, envoyées en 1842 pour orner le salon d'attente au premier étage du palais de Pau : Le Printemps (il s'agit du fragment gauche du Grand Printemps  - cette pièce est actuellement en réserve avant son départ en restauration), L'Eté et L'Automne. Seul L'Hiver ne vint jamais jusqu'aux Pyrénées...

Ces tapisseries ont été tissées d'après des modèles créés en 1664 pour une autre tenture, celle des Saisons, par le peintre Charles Le Brun. Les entrefenêtres des Saisons étaient illustrées d'amours ailés se livrant aux joies du jardinage et de la cueillette. Cette tenture fut l'un des premiers tissages originaux de la manufacture des Gobelins dont Le Brun était devenu le directeur. Ces pièces plurent au point que les "amours jardiniers" furent choisis pour être le sujet d'une tenture à part entière... où ils perdirent leurs ailes ! Devenus "enfants jardiniers", ils devaient à leur tour rencontrer un vif succès : la tenture connut ainsi pas moins de huit tissages consécutifs au XVIIe, puis au XVIIIe siècle, où les modèles furent toutefois mis au goût du jour par d'autres artistes, dont le peintre Alexandre-François Desportes auquel on doit les multiples représentations d'animaux figurant sur les pièces (perroquet, chèvre, chiens).

Dans L'Eté, se déploie un jardin à la française bien ordonné autour d'une belle perspective ouverte par un canal. À l'arrière-plan, trois enfants s'y baignent en compagnie de cygnes, tandis qu'au premier plan, quatre autres s'activent, fauchant, arrosant ou cueillant des abricots. La nature généreuse qui les entoure les récompense de leurs soins en produisant à foison fleurs épanouies et fruits bien murs.