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Expositions passées

Paris vaut bien une messe !

1610 : hommage des Médicis à Henri IV, roi de France et de Navarre
Du 1er avril au 30 juin 2010
Château de Pau

Le 14 mai 1610 Henri IV est assassiné par Ravaillac. A Florence, le 23 du même mois, sitôt la nouvelle connue, le grand-duc de Toscane Côme II de Médicis (1609-1621), cousin de Marie de Médicis, fait prépare des funérailles in effigie pour le Roi très Chrétien. L’imposante cérémonie se déroule le 15 septembre 1610, et s’inscrit dans la pratique des rituels funèbres à forte signification politique organisés par les Médicis. Cette célébration, l’un des premiers actes du principat du jeune Côme II, réaffirme l’alliance entre la France et les grands-ducs de Toscane, depuis le mariage de Marie de Médicis avec le Béarnais en 1600.

Le décor de cette pompe funèbre ambitieuse sous la conduite de l’architecte de cour et dessinateur Giulio Parigi a donné lieu à un important programme iconographique et pictural évoquant les hauts faits et le sage gouvernement du roi défunt. Les vingt-six grandes toiles en grisaille qui le constituent (dont dix-neuf subsistent) sont exécutées par des artistes toscans proches des Médicis, parmi lesquels Jacopo da Empoli, Bernardino Poccetti ou Francesco Curradi : un véritable travail collectif qui habilla très temporairement les murs de la basilique San Lorenzo, toute drapée, pour la circonstance, de tentures funèbres. Cet ensemble, bien que de présentation éphémère, eut pourtant une réelle influence : il fut source d’inspiration pour la série de peintures de Rubens commandées par Marie de Médicis pour la décoration du Palais du Luxembourg.

Conçue pour commémorer l’assassinat d’Henri IV, premier roi de France et de Navarre, cette exposition prend un relief particulier au château de Pau, ville où naquit le « bon Roi Henri » ; elle propose la découverte de cet ensemble inédit d’œuvres italiennes qui témoignent de la vitalité politique des Médicis sur la scène internationale. Elle engage une réflexion qui reste très actuelle sur l’importance historique et européenne du règne d’Henri IV.

Dans les grandes salles palatiales du rez-de-chaussée du château de Pau, notamment dans la célèbre salle des cent couverts, dix-neuf de ces grandes toiles peintes en grisaille étaient disposées et rappelaient les funérailles italiennes d’Henri IV. Elles étaient accompagnées de portraits, de tableaux à caractère allégorique, de sculptures, de dessins et objets précieux appartenant aux collections italiennes et françaises publiques et privées.

Cette exposition était organisée par la Réunion des musées nationaux, le Musée national du château de Pau, le Pôle muséal de la ville de Florence, et le musée des Chapelles Médicis. Elle sera ensuite présentée à Florence, au musée des Chapelles Médicis (automne - hiver 2010).

L’exposition a bénéficié des mécénats suivants :

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Partenaires de l’offre culturelle autour de l’exposition

Direction des services départementaux de l’Éducation nationale, Conservatoire Musique et Danse de Pau-Pyrénées, OPPB, Harmonie Paloise, Société Henri IV, Société des Amis du château de Pau, UPPA, Ville de Pau - Mission ville d'art et d'histoire, Communauté d’agglomération de Pau, La Maison des Femmes du Hédas, Cinéma le Méliès, Festival de la bande dessinée de Billère.

Commissariat

Monica Bietti, Directrice du musée des Chapelles Médicis, Florence

Paul Mironneau, Directeur du Musée national du château de Pau

Visiter l’exposition

› En visite libre tous les jours sauf le 1er mai, de 9h30 à 12h30 puis de 14h à 18h jusqu’au 14 juin, et à partir du 15 juin de 9h30 à 12h30 puis de 13h30 à 18h45

En visite-conférence

(Programme établi en partenariat avec l’UTLA et la Société des Amis du château de Pau, ouvertes à tous publics)

› Les 6, 12, 13, 20 26 et 27 avril, les 4, 11, 21 mai, les 1er, 11, 21 et 29 juin 2010

Lors des Mercredis de l’exposition

› 26 mai 2010 : approche stylistique : Entre héritage maniériste et influences baroques puis présentation d’une œuvre : Portrait de Marie de Médicis par Frans Pourbus le jeune, 1606  

› 16 juin 2010 : approche stylistique : Du dessin d’artiste au programme pictural puis présentation d’une œuvre : l’Épée d’Henri IV (France,vers 1600)
 
Lors des Mercredis des arts graphiques

› 7 et 21 avril 2010 : L’estampe à travers l’exposition « Paris vaut bien une messe ! »

Une riche programmation culturelle autour de l’exposition et des commémorations de 2010

L’exposition s’inscrivait dans le contexte des célébrations nationales pour 2010.  

Aussi, de leur côté, la Ville de Pau et son agglomération ont-elles initié un programme intitulé « Les rendez-vous de 2010 », volet culturel d’un projet transversal de politique publique « Pau, portes des Pyrénées ». La commémoration du quatrième centenaire de l’assassinat d’Henri IV, né à Pau en 1553, y tient, bien entendu, une place importante.

Un partenariat s’est ainsi développé entre le musée national et les collectivités pour élaborer conjointement un ensemble de manifestations culturelles afin de donner à l’événement la plus large diffusion dans le domaine du spectacle et de l’accueil de tous les publics. Ces manifestations étaient prévues se dérouler dans divers lieux emblématiques de la ville et de son agglomération ainsi qu’au château de Pau lui-même.

Un projet de mise en lumière du monument piloté par la ville de Pau est venu renforcer l’éclat des célébrations.
Dans sa programmation, le musée national, soutenu par la ville et la communauté d’agglomération a fait le choix de privilégier la musique qui éclaire tout un versant de la civilisation européenne, entre Renaissance et baroque, où puise la matière artistique de l’exposition.

Programmation musicale et culturelle

La programmation musicale s’enracine dans l’influence de la musique italienne à la cour de France sous Henri IV et Marie de Médicis, ainsi que dans la célébration des grands événements dynastiques au temps d’Henri IV. Une formule de ballet équestre est également envisagée dans le parc du château de Pau pour rendre hommage à ce roi cavalier, au cœur d’une grande région équestre.

La musique irrigue une partie de l’offre pédagogique formulée par le service des publics du musée en direction des enseignants du primaire, du premier et du second degré du département ainsi que du réseau des écoles de musique de l’agglomération paloise, conservatoire national de musique et de danse en particulier.

Actions pédagogiques - musique et image

S’appuyant sur l’exposition temporaire et la programmation musicale qui l’accompagne, ainsi que sur les collections permanentes le musée national proposait :

• Pour les enseignants

› mercredi 25 novembre 2009

Séminaire : La musique baroque vers 1600. Approches historique, musicologique, artistiques avec élargissement vers l’art contemporain. Cette journée de formation s’achèvera par un concert conférence de l’ensemble Antiphona.

› mercredi 2 décembre 2009

Image et musique : représentation de la musique à travers la collection de tapisseries du musée

› mercredi 14 avril 2010

Image et couleur : couleur et monochromie à travers la peinture française et italienne du début du XVIIe siècle.

La visite sélective des collections du musée (et notamment dans la collection de tapisseries) ou de l’exposition temporaire permettait aux enseignants d’engager un dialogue avec les professionnels des musées (conservateur, conférencière) sur la façon d’aborder une œuvre et sa pédagogie.

• Pour les scolaires

Ensemble de visites et d’ateliers animés par un conférencier des musées nationaux et conçus en fonction des approches proposées aux enseignants dans les programmes de l’Éducation nationale.

• Partenariat spécifique avec l’École Nationale de Musique et Danse

Restitution d’un bal Renaissance en juin 2010 dans le cloître des Réparatrices. Les départements Danse et Musique ancienne étaient chargés de la coordination du projet en partenariat avec le conservatoire de la Côte Basque pour l’étude des danses anciennes. Ce projet qui prévoyait des interventions en direction d’écoles élémentaires et de lycées professionnels s’accompagnait d’une résidence d’artistes.

Tombeau d’Henri IV : projet de création musicale contemporaine  

Quelques temps forts

› 12 décembre 2009 -  Anniversaire de la naissance d’Henri IV
Musique au temps d’Henri IV : interprétation de l’ensemble Antiphona  
Lieu : château de Pau, salle aux Cent Couverts,

› 30 janvier 2010 -  Journée Livres au château
Autour de l’Astrée : musique française, airs de cour de la fin du règne d’Henri IV et de la jeunesse de Louis XIII (clavecin, cornemuse, harpe) - interprétation de l’ensemble Faënza
Lieu : château de Pau, salle aux Cent Couverts

› 14 mai 2010 - Anniversaire de l'assassinat d'Henri IV
• Inauguration de l’accrochage exposition L'assassinat d'Henri IV, regards sur un événement historique
Tombeau d’Henri IV - Conservatoire national de musique et de danse.
• Inauguration de l'éclairage événementiel

› 15 mai 2010
•  Nuit des Musées   

› 4, 5 et 6 juin 2010 - Rendez-vous aux jardins
• Concert déambulatoire - interprétation de la section cuivre de l’Orchestre de Pau associant le conservatoire de Pau et l'ensemble « Les Sacqueboutiers »  de Toulouse
Lieu : cour d’honneur du château de Pau, Place Royale, divers quartiers de Pau

› 30 juin 2010 - Concert de clôture de l’exposition
Requiem des rois de France (Eustache Du Caurroy) interprété par l’ensemble Doulce Mémoire
Lieu : cathédrale de Lescar

› 7 juillet 2010
Un Grand Bal à la cour d’Henri IV - interprété par l’ensemble Doulce Mémoire et compagnie Il Ballerino
Lieu : cour d’honneur du château de Pau

Programmation scientifique

Côté Jardins : évocation d’un jardin Renaissance (jardin de pots, mosaïculture) et des liens tissés avec les Médicis et la ville de Florence à partir de plantations de lys et d’iris. Opération soutenue par la Société des Amis du château.

› 14 mai - 31 août 2010
• Accrochage spécifique dans la salle saint Jean du château de Pau
L'assassinat d'Henri IV, regards sur un événement historique.

› 17,18,19 juin 2010
Régicides en Europe XVIe- XIXe siècle  
Colloque international qui analyse la figure du régicide, l’acte et ses conséquences politiques, juridiques et philosophique.
Organisé par la Société Henri IV, le Musée national du château de Pau, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et la Société des Amis du château de Pau.  

Ces dames de Navarre
Cycle de conférences organisé par la Société des Amis du château de Pau sur les princesses de Navarre : Marguerite de Navarre, Jeanne d’Albret, Catherine de Bourbon, la Reine Margot.

Programmation théâtrale

La Galigaï ou vive Henri IV de Jean Anouilh par le TAM-TAM Théâtre

Reprise d’une création montée par la troupe du Tam-Tam Théâtre en 2002
Le parcours semé d’intrigues et de complots de la suivante de la reine Marie de Médicis Léonora Galigaï. Une réflexion sur les méandres du pouvoir, les relations, l’honneur, l’argent. Un « polar historique » au temps de la Renaissance.

Actions en faveur des publics spécifiques  

Ces femmes de la Renaissance

Cette action constitue une nouvelle étape du partenariat qui lie la Maison des Femmes du Hédas au château de Pau depuis 1998, dans le domaine de l’alphabétisation et de l’intégration culturelle. Elle touchera environ une cinquantaine de femmes de nationalités différentes. En s’appuyant sur la découverte de l’exposition, et le rôle historique joué par Marie de Médicis, les animateurs travailleront avec ce groupe sur la place des femmes à la Renaissance, dans les domaines politique, artistique, littéraire et religieux, mis en perspective avec le rôle des femmes dans la société contemporaine. Ce travail se conclura par un spectacle théâtral conçu et réalisé par les femmes concernées.

Le projet se développera en synergie avec la MJC Berlioz, le Tam-Tam Théâtre, le cinéma Le Méliès et la Société des Amis du Château de Pau.

ET AUSSI :

Programmation spécifique du cinéma le Méliès : cycle sur les régicides à raison d’un film par mois tout au long de l’année. Premier film : la Reine Margot de Patrice Chéreau le 23 janvier.

Partenariat avec le festival de Bande dessinée de Billère début avril 2010

Éclairage événementiel du château

À l’occasion de l’année Pau 2010, la ville de Pau a souhaité mettre en valeur château en modernisant l’éclairage pérenne du monument et en créant un événement par une mise en lumière scénarisée qui sera proposée au public le 14 mai (date anniversaire de l’assassinat d’Henri IV) puis chaque samedi soir à partir du 22 mai et jusqu’au 31 août, le 25 septembre, le 9 octobre, le 13 novembre et enfin le 11 décembre en clôture de cette Année Henri IV.

Publications

› Création d’un site internet dédié à Henri IV à partir du portail des Célébrations nationales du Ministère de la Culture.

› Création et mise en ligne d'un site internet de la Société Henri IV recensant toutes les commémorations de 2010.

› Publications spécifiques (catalogue de l’exposition, Lettre de la société Henri IV, périodique publié en français et en italien en 2010).

Pour en savoir plus sur cette exposition

Aux sources d’une commémoration franco-italienne

En 2010 était commémoré l’assassinat d’Henri IV, qui eut lieu en plein Paris le 14 mai 1610, par la main de Ravaillac. Sur ce véritable coup de théâtre de notre passé national, on ne peut qu’inviter à relire le petit chef-d’œuvre de Roland Mousnier paru en 1964, republié en 2008 et sa brillante mise en contexte.

Le tragique événement eut en outre un retentissement dans toute l’Europe. C’est pour répondre à cet aspect international d’un fait majeur de l’histoire de France que le Musée national du château de Pau et la Surintendance du Pôle muséal de Florence se sont rapprochés, en vue d’une importante exposition mettant à l’honneur un ensemble d’œuvres remarquable par sa cohérence historique et sa qualité esthétique. Son titre, « Quel principe incomparabile » : 1610, l’hommage des Médicis à Henri IV, roi de France et de Navarre, renvoie directement à la célébration d’un souverain perçu non seulement comme exemplaire, mais plus encore comme l’initiateur d’un nouveau souffle de la politique européenne.

Afin de mieux préciser l’objectif de cette manifestation que le Musée  national du château de Pau prépare en partenariat avec les Chapelles Médicis, quelques éléments historiques ne seront pas superflus. Mais tout d’abord, c’est à l’accueil chaleureux et l’appui précieux de Madame Acidini, Surintendante du Pôle Muséal de Florence, et de ses collaboratrices, Mesdames Bietti, directeur du musée des Chapelles Médicis, et Fiorelli que je voudrais rendre hommage.

LE CONTEXTE POLITIQUE

La nouvelle de l’assassinat d’Henri IV parvint à Florence le 23 du même mois. La décision fut aussitôt prise de préparer des funérailles in effigie pour le Roi Très Chrétien. Cette imposante cérémonie devant faire suite au tragique événement s’inscrivait dans la pratique des imposants rituels à forte signification politique dont les Médicis s’étaient fait une spécialité. Naissances, mariages, décès survenus dans les principales dynasties européennes liées à leur maison (tout particulièrement la France, l’Espagne, l’Autriche) faisaient l’objet, à partir du XVIe siècle, d’ambitieuses scénographies.

Dans l’ordre de ces rituels, l’église San Lorenzo fut ainsi le théâtre de pompes funèbres solennelles comparables à celles d’Henri IV pour honorer Philippe II roi d’Espagne, en 1598, ou, plus tard, Marguerite d’Autriche, reine d’Espagne, en 1612. Dans des dispositions analogues, chacun de ces grands apparats spectaculaires réunissait un ensemble historique et narratif retraçant la vie, les grands faits, les vertus et les mérites du défunt, décliné en une série de grandes toiles monochromes disposées le long des murs de San Lorenzo revêtue d’un imposant dispositif de deuil mais illuminée par un nombre impressionnant de cierges et chandelles. L’organisation très précise de ces ambitieuses entreprises officielles nous est connue et montre que l’argumentaire, la thématique et parfois le  discours en était tracés par des personnalités éprouvées de savants et d’hommes de lettres.

L’hommage rendu au roi de France fut l’un des premiers actes du principat du tout jeune Côme II de Médicis (1609-1621), affirmant ainsi la solidité de l’alliance nouée avec la France par les grands-ducs de Toscane, depuis le mariage de Marie de Médicis avec le Béarnais le 5 octobre 1600.

Un tel geste ne pouvait que conforter le pouvoir de Marie, qui s’était assuré la régence du royaume au lendemain de la sanglante disparition de son époux.

L’ordonnance de cette pompe funèbre ambitieuse fut décrite et diffusée grâce à la publication d’un livret écrit par Giuliano Giraldi, dont l’illustration gravée par Alovisio Rosaccio reprend notamment les grandes scènes peintes accrochées dans la nef de San Lorenzo, elle-même toute drapée de tentures funèbres, et formant un véritable cycle consacré à l’évocation d’Henri IV. Soit un important programme iconographique et pictural de vingt-six grandes toiles peintes en grisaille, évoquant les hauts faits et le sage gouvernement du roi défunt.

En somme, l’un des premiers cycles moralisés de la vie d’Henri IV, réservant naturellement une part considérable à l’influence exercée par les maîtres de Florence. Les inflexions les plus remarquables de la politique suivie par cet exemple de prince chrétien, brave, clément, pacifique, y sont soigneusement notées ; l’ensemble exprime une recherche de réalité historique particulièrement poussée, renforçant le sentiment que les Florentins étaient parfaitement bien renseignés sur les affaires de France et sur le règne qui venait de prendre fin.

UN TRAVAIL COLLECTIF ET SA REDÉCOUVERTE

Pour l’exécution de ce travail collectif conçu par l’architecte de cour et dessinateur Giulio Parigi (1571- 1635), on fit appel au talent éprouvé d’un groupe d’artistes toscans gravitant dans l’orbite des Médicis, « [peintres] académiques florentins à cheval sur deux siècles » dont la connaissance a considérablement progressé depuis les travaux menés à Florence par Monica Bietti et son équipe4.

Les plus en vue de ces figures d’artistes, Jacopo Chimenti, dit da Empoli (1551-1640), Bernardino Barbatelli (il Poccetti, 1553-1612), Francesco Curradi (1570-1661), ont tout particulièrement retenu l’attention, signalant l’éclosion d’une saison artistique, longtemps mal connue, dans la Florence du tournant des années 1600. Encore cette « pléiade » évoquée par Monica Bietti rassemble-t-elle plusieurs générations sous un projet commun d’une grande homogénéité de pensée. D’un point de vue iconographique et stylistique, il est intéressant de constater la valeur des sources utilisées par les auteurs du cycle mais aussi les emprunts qui furent faits à ce cycle lui-même dans des travaux postérieurs, comme les célèbres peintures de Rubens pour le Palais du Luxembourg en 1622-1625.

D’importantes campagnes de restaurations financées par l’État italien depuis la fin des années 1980 auront permis de remettre en état les 54 toiles composant les apparati funebri relatifs à Philippe II (1598), Henri IV (1610) et Marguerite d’Autriche (1612).

Ces trois ensembles réunis par de nombreuses caractéristiques communes (circonstances analogues, regroupement chronologique, exécution pour la plupart par les mêmes auteurs, stylistique proche déterminée par la destination des œuvres, etc.) relèvent d’un éphémère ambitieux. Sitôt après le démontage de la nef de la basilique, toutes les peintures des trois séries furent exposées au Corridor Vasari (qui relie le palais Pitti aux Offices et au Palazzo Vecchio) où elles demeurèrent jusqu’en 1825. Suivit un long sommeil dans les dépôts des Gallerie Fiorentine ; ll y eut même des pertes.

La campagne d’étude et de restauration menée par le Pôle muséal de Florence a permis de retrouver plusieurs toiles données pour perdues ; d’autres sont réapparues en mains privés. S’agissant du cycle consacré à la vie d’Henri IV, 19 toiles appartenant aux collections italiennes publiques et ponctuellement privées sont aujourd’hui disponibles et restaurées.

L’effort de connaissance et de remise à jour de ce patrimoine singulier a été complété par la présentation des deux cycles consacrés respectivement à Philippe II roi d’Espagne et Marguerite d’Autriche à Florence (Chapelles Médicis) et à Valladolid (Museo de la Pasión) en 1999-2000 : cette double exposition a connu un succès important tant du point de vue de la fréquentation publique que de la critique5 . C’est un projet de partenariat européen de ce type qui a vu le jour et trouvera son expression publique à Pau et à Florence en 2010, étant précisé qu’une exposition de l’ensemble des peintures du cycle henricien, que l’on peut considérer pratiquement comme inédit depuis 1610, viendrait clore et couronner, pour un anniversaire historique de première importance, les campagnes de redécouvertes des grands apparati florentins à l’aube du XVIIe siècle.


UNE EXPOSITION À PAU ET À FLORENCE

Par l’exposition d’œuvres d’une incontestable valeur esthétique et d’une grande signification historique et culturelle, les musées engagés dans cette opération visent à faire connaître un ensemble inédit depuis 1610, témoignage de la vitalité politique des Médicis sur la scène européenne, à travers l’usage des apparati officiels. Ils invitent à une réflexion sur l’importance historique du règne d’Henri IV ainsi qu’à un regard rétrospectif sur l’homme, le roi, la naissance d’une légende, en replaçant cette réflexion dans le double plan du contexte européen de 1610 et de la sortie des guerres de Religion.

En ouvrant les perspectives de la recherche à la naissance d’une intéressante saison artistique, jusqu’ici trop peu connue, dans la Florence des Médicis au seuil du XVIIe siècle et dans le cadre de commandes officielles contribuant à l’intensification des relations internationales nouées par les grands-ducs de Toscane, l’exposition participera au programme actuel d’approfondissement des liens patrimoniaux et culturels existant entre Florence et la France. Celui-ci a été marqué par une série de manifestations associant le Pôle muséal de Florence et les musées de France, sur le thème des reines veuves (tout particulièrement grâce aux figures de Catherine de Médicis et Marie de Médicis).

L’importante exposition franco-italienne consacrée à Marie de Médicis en 2003-2005 (Blois et Florence) a préfiguré ce rapprochement. Plus récemment, l’exposition Donne al potere, relative à la tenture d’Artémise et aux deux reines-régentes Médicis, Catherine et Marie, portées à la tête du royaume de France, en a donné une belle illustration, notamment à travers les collections du Mobilier national.

L’exposition s’ouvrait au château de Pau, d’avril à juillet 2010 ; elle fut présentée ensuite à Florence, aux Chapelles Médicis, de l’été à l’automne. À Florence, la muséographie privilégiait la symbolique et la théâtralité de ce dispositif qui célèbre la puissance européenne des Médicis.

À Pau, l’exposition de ces 19 grandes toiles mesurant environ 2m.10 à 2m.15 de hauteur sur 2m.60 à 2m.75 de largeur nécessitait de consacrer à cet événement muséographique un espace de quelque ampleur et invitait à une réflexion particulière dans le cadre architectural du château de Pau. Pour ces raisons ainsi que pour donner à l’exposition le caractère de prestige qu’elle méritait, le rez-de-chaussée de l’aile Sud (salle des Cent Couverts, salle des Officiers de service) constituait le meilleur choix possible pour l’installation des œuvres.


UNE RICHE MATIÈRE ARTISTIQUE ET ICONOGRAPHIQUE

La mise en scène de la politique internationale dans le contexte des cérémonies officielles données par les Médicis met en œuvre un mode de représentation des événements où coexistent l’ordre strictement figuratif et l’ordre symbolique. Dans sa précision véridique et dans sa tonalité, le cycle d’Henri IV témoigne en outre d’une vitalité, d’un art de la narration qui l’entraînent nettement du côté de la biographie raisonnée, au-delà de l’emphase funéraire. Sa présentation s’accorde de ce fait aussi harmonieusement à Florence, cœur de la puissance des Médicis, qu’à Pau, sur les lieux de la naissance du bon roi Henri, dont déjà la légende se profile.

Les scènes de la vie d’Henri IV décrivent avec précision :

*les faits d’armes du prince (batailles de Coutras, d’Arques, Ivry, Fontaine-Française, etc.), insistant surtout sur la sagesse et la clémence de ce général avisé, qui sait épargner le sang et la souffrance humaine (siège de Paris) ;
*les grandes étapes politiques d’un règne qui ramène dans la France déchirée les bienfaits de la paix, retracés en termes très codifiés (célébration de la paix en la cathédrale Notre-Dame) ;
*la confiance retrouvée entre la France et l’Église de Rome, grâce à la conversion du roi, sans oublier dans cette évocation le rôle joué par les Médicis (abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, signature de la paix avec l’Église, etc.) ;
*l’alliance privilégiée qui s’instaure entre la maison de Toscane et celle de France (rencontre à Lyon d’Henri IV et de Marie de Médicis).

Quelques compléments, dont la liste est sensiblement différente dans la présentation à Florence et dans la présentation à Pau, étaient ajoutés pour une meilleure compréhension du cycle. Ils concernaient un petit nombre de peintures, portraits, scènes historiques et tableaux à caractère allégorique introduisant un prolongement de réflexion à caractère iconographique et stylistique. Quelques précieux objets et sculptures ayant valeur symbolique de l’écho et de l’orchestration des honneurs funèbres ainsi rendus au Roi Très Chrétien contribuaient à animer la présentation et surtout à refléter l’intensité des échanges entre les grands-ducs de Toscane et les cours européennes, échanges matérialisés par les envois d’objets précieux.

Plus important, le complément graphique réunissait des dessins et estampes à mettre en rapport avec les œuvres constitutives du cycle lui-même. La plus grande partie des dessins préparatoires est conservée au Cabinet des Dessins et Estampes du musée des Offices ; quelques pièces se trouvent cependant dans les fonds français (musée du Louvre et musée national du château de Pau7) ou étrangers (Londres, British Museum).

La question des sources et des prolongements immédiats du programme iconographique retenu en 1610 était documentée par quelques estampes et divers livres anciens qui permettaient en outre de saisir à travers cette entreprise les premières manifestations d’une légende dont l’avenir devait être fécond.

Le cycle de la vie d’Henri IV élaboré en 1610 à Florence, dans des délais remarquablement courts, méritait d’être examiné dans son ensemble sous l’angle historique, artistique et culturel, mais aussi d’être soumis à l’analyse précise de chacune des scènes qui le composent et abondent en particularités signifiantes iconographiques, esthétiques, descriptives... Les arrière-plans soigneusement composés méritaient eux- aussi une approche nouvelle. Étant bien noté et rappelé qu’il s’agit là de la première étude complète et approfondie du cycle remis en pleine lumière à cette occasion8. Chaque pièce de ce parcours en vingt-six épisodes (dont dix-neuf nous sont parvenus mais qui tous nous sont connus) sans cesser d’appartenir à ce tout signifiant, s’offre aux spécificités, aux différences parfois notables d’approche et de style de leurs auteurs.

Une première évaluation des mérites du roi, portée à chaud et dans un contexte encomiastique par excellence ? Déjà pourtant, une réflexion rétrospective sur l’œuvre politique d’Henri IV dirige les regards sur le déroulé d’un moment capital de l’histoire et sur les grandes séquences d’une vie de monarque chrétien. La question de l’assassinat du roi et, de là, celle du retentissement de cet événement en Europe entrent dans la trame explicative et interprétative du cycle : l’exposition devait   en dresser un court et clair rappel. Au-delà de ce préambule nécessaire, la valeur que l’on peut donner au spectacle officiel que constitue une telle cérémonie repose notamment sur l’évaluation de  son importance dans le domaine de l’histoire de l’art, ainsi que sur l’enquête originale qui sera menée sur la représentation de la geste henricienne et les premiers jalons d’une légende henricienne dont la fabrication ne se fera plus attendre.

Paul MIRONNEAU

Le dossier de presse :

 

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