Théâtre du pouvoir. Le temps du Béarnais
Château de Pau
Salle Saint Jean
du 17 octobre 2018 au 14 avril 2019
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Cette exposition présentée en salle Saint Jean est née de la deuxième section de l’exposition de la Petite Galerie, au musée du Louvre, qui montrait en 2017-2018, le lien qui unit l’art et le pouvoir politique à travers sa représentation.
C’est à partir de la deuxième des quatre sections constitutives de l’exposition parisienne, celle qui, intitulée Persuader pour légitimer le pouvoir, s’attardait sur la figure emblématique d’Henri IV, à la fois roi en quête de légitimité puis modèle d’homme et de prince, particulièrement populaire aux XVIIIe et XIXe siècles, qu’est construite l’exposition au château de Pau.
Une trentaine d’œuvres ont été retenues, provenant des collections du musée du Louvre, du musée des Beaux-Arts de Paris (Petit Palais) et du Musée national du château de Pau. Introduite par une séquence picturale reflétant le succès du drame romantique dans les années 1830-1850, l’exposition retient trois figures d’Henri IV :
Figure du Grand Roi, à travers sa représentation en habit de cour ou en armure, à l’antique ou sous l’artifice de la mythologie.
Figure du Bon Roi, familier à son peuple, exemple d’homme autant que de roi, dont la légende a fait un modèle en action
Figure nationale, sujet de statues destinées aux places publiques ou héros en mouvement dont le souvenir guide et rassure, sous des régimes fort divers.
Partenaire(s)
Exposition organisée par le Musée national et domaine du château de Pau et le Musée du Louvre
Elle bénéficie du soutien de la Fondation Total
Commissaire(s)
Jean-Luc Martinez, Directeur du musée du Louvre,
Laurence Dinet, Chef de projet,
Paul Mironneau, Directeur du Musée national et domaine du château de Pau
Contact(s) presse
Diane Delmas, Responsable de la communication
Visiter l'exposition
L'exposition se visite :
- librement tous les jours de 9h30 à 11h45 et de 14h à 17h - Tarif : Gratuit
- en visite- conférence d'une durée d'une heure
À 15h les 5, 8 et 22 novembre/ 6 et 20 décembre 2018/ 10, 24 janvier 2019/ 7 et 21 février/ 21 mars/ 4 et 11 avril
À 14h30 le 21 janvier 2019 (séance réservée aux membres de l’UTLA)
Tarif: 4,50 €
La programmation autour de l'exposition
Les mercredis de l’exposition (durée 1h30)
À 14h30 les 13 mars et 10 avril 2019
Une approche approfondie des oeuvres exposées
Les animations familiales pour les 5/10 ans de 14h à 16h
durant les vacances d’automne les 22, 23 et 25 octobre 2018 : Théâtre du pouvoir
durant les vacances d’hiver les 25, 26 et 28 février 2019 : Les animaux de l'expo!
La journée d’étude
Montrer le pouvoir
Vendredi 8 février 2019 à 9h, salle de conférences
En lien avec l’exposition Théâtre du pouvoir : Le temps du Béarnais et le projet de l'Agence nationale de la recherche "AcRoNavarre" coordonné par l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, cette journée d’étude se propose d'appréhender dans différents contextes comment la puissance princière se donne à voir et s'expose dans tous les sens du terme entre la fin du XVe siècle et le début du XVIIe siècle, période d'affirmation du pouvoir princier glorifié par les artistes, mais aussi de très fortes tensions en ce temps de conflits civils et religieux.
Le cinéma
Le Méliès s’associe au Château de Pau et programme la projection du film intitulé
Fallstaff d’Orson Welles
lundi 4 mars 2019 à 20h15
“Adulé par le prince et détesté par le roi, Falstaff invente sa légende pour survivre à la périphérie de la cour.”
Les projets pédagogiques autour de l’exposition
Pouvoir démo : projet autour de l’art et du pouvoir à travers la réalisation de fresques géantes dessinées par les enfants, illustration de leur idée du pouvoir. Présentation dans la cour d'honneur du château du 13 juin au 31 juillet 2019. Tout savoir sur cette présentation
L’image à l'œuvre: jeune critique artistique : développement du regard critique des élèves et démarche journalistique pour une restitution des travaux lors de la Nuit des musées 2019. Un projet mené en partenariat avec Canopé 64 et grâce au soutien de la Fondation TOTAL.
Le pouvoir de la musique : travail autour de la musique ancienne par des élèves des collèges de Nay, Lembeye et Pontacq, l'atelier de cordes
baroques, la classe de musique traditionnelle et la classe de culture musicale du Conservatoire à Rayonnement Départemental Pau-Pyrénées, avec restitution sous la forme d’une représentation donnée lors de la Nuit des musées 2019.
Publication commune aux deux étapes de l'exposition (musée du Louvre et Château de Pau) : Théâtre du pouvoir, dir. J
Jean-Luc Martinez, Paris, Le Seuil - Louvre éditions, 2017, 152 p. En vente à la librairie du château.
Liste des œuvres
Retrouvez-les en consultant le dossier de presse ci-dessous
Les textes mis à disposition dans les salles d'exposition
Gouverner, c’est se mettre en scène pour asseoir son autorité, sa légitimité et son prestige. L’art et le pouvoir politique ont toujours entretenu des rapports étroits, de l’Antiquité à nos jours, comme l'a montré l'exposition de la Petite Galerie qui s'est déroulée à Paris, au musée du Louvre, du 24 septembre 2017 au 7 juillet 2018. A l'intérieur de son parcours, la salle Persuader pour légitimer le pouvoir s’attardait sur la figure emblématique d’Henri IV, à la fois roi en quête de légitimité puis modèle pour les héritiers des Bourbons, de Louis XVI à la Restauration. L'exposition du château de Pau est une déclinaison de l'exposition parisienne, dont elle développe et approfondit les thématiques en les recentrant sur le personnage d'Henri IV.
Regards sur la peinture de genre historique et sur le drame romantique
Les tableaux de grand format présentés en introduction à l'exposition Théâtre du pouvoir, le temps du Béarnais mettent en lumière le genre historique pratiqué par les peintres du XIXe siècle, tout particulièrement ceux de la génération romantique qui connaît ses succès vers 1830. Ces quelques épisodes tirés de l’histoire d’Henri IV reflètent la tendance à la théâtralité qui habite alors les représentations du pouvoir.
I. Henri IV : de la conquête du royaume à celle des cœurs
Le 2 août 1589, la mort du dernier des Valois, Henri III, assassiné par Jacques Clément, fait d’Henri de Bourbon, roi de Navarre, le nouveau roi de France, mais Paris et une grande partie de la France ferment leurs portes à ce prince protestant. Les victoires d’Arques (21 septembre 1589) et d’Ivry (14 mars 1590) préparent la reconquête du territoire et de l’opinion. En abjurant le protestantisme à Saint-Denis (25 juillet 1593), puis en se faisant sacrer à Chartres (27 février 1594), Henri IV brise le front de la résistance. Son entrée dans Paris, le 22 mars 1594, se fait presque sans violence. L’heure est bientôt à la pacification : 1595, réconciliation solennelle avec le pape Clément VIII ; 1598, paix religieuse (Edit de Nantes) et paix avec l’Espagne (traité de Vervins). L’union d’Henri IV avec Marie de Médicis en 1600, suivie de la naissance d’un dauphin, futur Louis XIII (1601), instaure une assurance dynastique, doublée d’un sentiment de paix. Le soutien donné aux arts se double d’une véritable politique de l’image royale. Pourtant contesté au point d’être assassiné à Paris le 14 mai 1610, Henri IV entre dans la mémoire et l’affection des Français. Après sa mort, la régence est assurée, la succession ne vacille pas et le peuple pleure amèrement son roi : une légende, un mythe apparaissent. Du XVIIe au XXe siècle, les épisodes les plus fameux de son histoire constituent des sujets de choix pour les artistes.
II. Figures du grand roi
Les portraits du roi tracent le périmètre de la majesté royale qui s’impose à tous, du vivant du souverain. Deux portraits d’Henri IV promis à un vif succès ont été exécutés en 1610 par Frans Pourbus le Jeune (vers 1569-1622) : portrait de cour, dans la tradition de ceux des derniers Valois par François Clouet et son atelier ; portrait guerrier du roi en cuirasse. Le décor peint par Abraham Constantin pour le grand vase étrusque produit par la manufacture de Sèvres en 1814 reprend à l’identique le premier modèle.
Ancêtre d’Henri IV, Saint Louis est présent dans l’exposition à travers deux œuvres. Sous le pinceau du Gréco, un drapé orangé attire ce portrait vers la peinture religieuse et les attributs de la royauté privilégient la main de justice, tandis que guerrier par la cuirasse, le défenseur de la Chrétienté subit l’attraction habsbourgeoise, auquel il emprunte les traits de son visage mélancolique. L’esprit des Lumières porte un regard nouveau sur le sage ancêtre d’Henri IV dans la petite peinture de Jean-François de Troy (1679-1752) pour l’illustration du chant VII de La Henriade. Ce poème épique de Voltaire à la gloire du Béarnais (Londres, 1728) devait inspirer aux monarchies du Nord de l’Europe un nouveau modèle de prince éclairé. Sous le pinceau de Jean-François de Troy, et sous un très petit format, l’épopée s'invite en pleine esthétique théâtrale.
III. Variations mythologiques
L’image victorieuse du roi s’enracine dans la valeur de l’exploit héroïque, dont l’exaltation coïncide avec la décennie des grandes victoires d’Henri IV (1590-1600) et dont le mode de représentation mythologique fleurit alors : Henri est représenté en Hercule sur la médaille du sacre (1594) et vers 1600, dans le tableau de l’entourage de Toussaint Dubreuil, où il terrasse l’hydre de Lerne, identifiée à la discorde civile. Le roi est bientôt désigné comme
« Hercule gaulois », doué d’éloquence et de persuasion. On loue sa clémence, vertu antique, mais aussi signe d’élection, venue du Tout-Puissant. Et par son tragique assassinat en 1610, le héros passe de la vertu au sacrifice.
La réception de l’effigie royale joue sur les différences d’échelle : aux grandes compositions monumentales s’ajoutent les formats réduits : de petits bronzes voient le jour, sous incitation royale, reprenant une pratique italienne appliquée aux modèles antiques : Barthélemy Prieur (1563-1611), grandes statuettes de bronze de Henri IV et Marie de Médicis en Jupiter et en Junon. Témoignent de la persistance du portrait mythologique comme langage officiel de la monarchie, le tableau de Nicolas Bernard Lépicié (1735-1784) interprétant Henri IV en Mars gaulois ou le plateau du cabaret de l’Apothéose (manufacture de Sèvres, 1817-1818).
IV. La figure du bon roi
Au XVIIe siècle, l'évêque de Rodez puis de Paris d’Hardouin de Beaumont de Péréfixe, ancien précepteur de Louis XIV, rassemble dans son Histoire du roi Henri le Grand (1661-1662) nombre d’anecdotes où puisent les artistes jusqu’au XIXe siècle et au-delà : ainsi Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) avec Don Pedro de Tolède baisant l'épée d'Henri IV. À la grandeur du héros voltairien répond son humanité, particulièrement bien illustrée au théâtre. Dès les années 1760, La Partie de chasse de Henri IV de Charles Collé ouvre un nouveau chapitre de la légende dépouillant la personne royale de toute cérémonie.
Deux esquisses peintes de François André Vincent, Henri IV prenant congé de la belle Gabrielle et Henri IV rencontrant Sully blessé après la bataille d’Ivry, témoignent du projet de tenture de tapisseries qui devait être tissée aux Gobelins pour le futur tsar Paul Ier, après sa venue en France en 1782. Avec cet ensemble, Vincent donna naissance à un cycle abrégé du légendaire henricien d’une particulière élégance.
Le récit de la naissance d’Henri IV (13 décembre 1553) semé de détails pittoresques exerça un vif attrait sous la Restauration et inspira au jeune Eugène Devéria un grand tableau exposé au Salon de 1827, dont l’exposition présente une esquisse particulièrement vive et poétique.
V. Le modèle antique : du bon prince à la statue équestre
La Renaissance rechercha le modèle antique du bon et du mauvais empereur dans la Vie des douze Césars de Suétone, historien et biographe du IIe siècle après J.-C. A cette référence essentielle pour l’éducation des princes pourraient se rattacher les programmes décoratifs de certains palais où portraits peints et bustes d’empereurs jalonnent de longues galeries comme autant d’exemples à imiter ou à rejeter. On les retrouve, en réduction, dans de précieuses statuettes sculptées en pierres dures (Italie, XVIIIe siècle). La série exposée peut être rapprochée du portrait en bronze d’Henri IV sur un socle doré (France, XVIIIe siècle). Le prestige de Rome trouve aussi son accomplissement dans la reprise de la statue de Marc Aurèle (161-180) à cheval, monument antique fameux transporté en 1538, sur la place du Capitole et qui inspira de nombreuses œuvres, dont la statue d’Henri IV au Pont-Neuf, à Paris, commandée par Marie de Médicis aux sculpteurs florentins Jean Bologne, Pietro Tacca et Pierre de Franqueville. Inauguré en 1615, achevé en 1635 le cheval de bronze fut détruit en 1792. En août 1818, un nouvel ouvrage de François Frédéric Lemot le remplaça.
Couloir des Maisons royales : La parure d’honneur
L’entrée comme la sortie de l’exposition s’effectuent dans un couloir tendu de plusieurs pièces de la tenture des Mois ou des Maisons royales. Mentionnée dès 1668 dans les comptes des bâtiments du roi, cette tenture créée par Charles Le Brun pour la manufacture des Gobelins exalte la gloire de Louis XIV et l’art de vivre à la cour de France. Elle se compose de douze grandes pièces correspondant aux mois de l’année et de huit entrefenêtres. Nombreux furent les peintres qui collaborèrent à cette entreprise sous la direction du premier peintre du roi. Cette tenture connut un succès dont témoignent les retissages effectués jusqu’en 1711.