Détail de l'affiche de l'exposition "Réconciliations. Henri IV et Rome (1589-1610)"

Réconciliations. Henri IV et Rome (1589-1610).

Henri IV et Rome (1589-1610)
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Château de Pau
Salles du Rez-de-chaussée
du 18 juillet au 18 octobre 2020

 

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L’exposition explore les rapports politiques, religieux et artistiques existant entre la Papauté et Henri IV (1589-1610). Elle s’articule autour de l’absolution concédée au souverain par Clément VIII le 17 septembre 1595, tournant majeur dans les relations complexes de ce roi avec le Saint Siège. Ce renforcement du lien unissant la couronne de France à la Papauté sous Clément VIII (1592-1605), Léon XI (1605) et Paul V (1605-1621) se double d’un ren-versement d’alliances au détriment du parti espagnol (2 mai 1598, traité de Vervins mettant fin à la guerre avec l’Espagne). Il pose les conditions d’un retour à la paix, à l’intérieur comme aux frontières du royaume de France, et place le roi de France en position d’arbitre des conflits européens (1607, papauté et Venise ; 1609 Espagne et Pays Bas). Après l’assassinat d’Henri IV, le pape Paul V poursuit la politique de paix européenne en accord avec la régente Marie de Médicis.

À travers ces longues et complexes tractations, la perspective d’une Europe pacifiée, fondée sur un processus multilatéral de réconciliation, s’offre à une grande richesse d’expressions artistiques. Les étapes de la réconciliation entre Rome et Henri IV sont ainsi marquées par l’exécution à Rome d’œuvres d’art de grand intérêt, commandes pontificales - monument funéraire de Léon XI par Alessandro Algardi à la basilique Saint-Pierre; bas-reliefs du mo-nument de Clément VIII par Ippolito Buzio à Sainte-Marie Majeure – ou du parti franco-phile très actif parmi les cardinaux et le clergé romain - colonne commémorant la conver-sion du roi, près de la basilique Sainte-Marie Majeure ; statue d’Henri IV par Nicolas Cor-dier à Saint-Jean-de-Latran. L’exposition présente, après une contextualisation politique et religieuse du processus de réconciliation (peinture, arts graphiques, manuscrits et ouvrages imprimés, médailles), un ensemble d’œuvres choisies dans le domaine des arts graphiques et de la sculpture (maquette de l’urne du tombeau de Léon XI; dessins de Nicolas Cordier) qui témoignent de la trace essentielle laissée par le règne d’Henri IV dans le paysage esthétique de la Rome baroque des premières années du XVIIe siècle.

Partenaire(s)

Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et le Musée national et domaine du château de Pau.
Elle bénéficie du soutien de l'entreprise Teréga.

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Commissaire(s)

Paul Mironneau, conservateur général du patrimoine, directeur du Musée national et domaine du château de Pau,
Isabelle Pébay-Clottes, conservateur en chef au Musée national et domaine du château de Pau,
Claude Menges-Mironneau, chargée de mission au Musée national et domaine du château de Pau et conservatrice des Antiquités et Objets d'art des Pyrénées-Atlantiques.


Contact(s) presse

Presse nationale et internationale: Florence Le Moing et Mathilde Wadoux (Rmn-GP)
Presse régionale : Diane Delmas (Musée national et domaine du château de Pau)

 

Visiter l'exposition

En visite libre tous les jours de 13h à 18h (dernière entrée 17h15)

En visite-conférence à 11h mercredi 23 septembre et à 15h mercredi 30 septembre 2020 - Une approche détaillée de l'exposition avec la conférencière de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais - Durée 1h - tarif: 9,50 €

Lors des midis de l'exposition à 12h15 les vendredis 18 septembre, 9 et 16 octobre 2020 - Une visite condensée de l’exposition et un partage de vos impressions autour d’un verre offert par le château - Durée totale : 1h – Tarif :  8,50€ (droit d’entrée expo + droit de conférence)

Lors des mercredis de l'exposition à 14h30 les 9 septembre et 14 octobre 2020 - Une approche approfondie de l’exposition sous l’angle des arts graphiques - Durée 1h - Tarif : 9,50 €

La programmation culturelle autour de l'exposition

Le concert
Toutes les musiques mènent à Rome par l'ensemble Doulce Mémoire dirigé par Denis Raisin-Dadre
Mercredi 21 octobre 2020 à 20h30 en la Cathédrale de Lescar
Ce programme évoquera la réconciliation du Roi de France, Henri IV, avec le Saint-Siège après des années de relations très tendues…
Tarif : TP 12 € - TR : 10€ pour les détenteurs du Pass culture Ville de Lescar -  Billetterie: Château de Pau

Réconciliations tous azimuts
Des visites-animations sont proposées par le Service des publics du château en direction des publics éloignés des lieux culturels, des médiateurs sociaux, des jeunes en réinsertion, des élèves en formation, en voie de professionnalisation ou encore allophones.

Vacances de juillet pour les 5/10 ans, animations familiales
Raconte-moi Henri IV et Rome
A 11h les 20, 23, 27, 30 juillet et le 3 août 2020

Les publications

Catalogue de l'exposition

Publication aux éditions de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, 2020
broché, 168 pages, 120 illustrations ; 19,5 × 25,5 cm, 30 €
en vente dans toutes les librairies ou sur :www.boutiquesdemusees.fr
 

Sommaire :

Avant-propos
Chris Dercon, Paul Mironneau

Essais
Virtus in rebelles / Ugonottorum Strages
Frapper médaille pour la Saint-Barthélemy à Rome et Paris

Isabelle Pébay-Clottes

L’absolution d’Henri IV en 1595, ou les voies romaines du pardon
Olivier Poncet

Henri IV et Clément VIII
Bernard Barbiche

Rome en 1600 : artistes et connaisseurs
Clare Robertson

« Paris vaut bien une messe »
Alexandre de Médicis acteur de la réconciliation d’Henri IV et de l’Église
Monica Bietti

La messe, le serment et la paix du roi, sous la main des académiques florentins
Claude Menges-Mironneau

La diplomatie de Paul V et la paix d’après les instructions données aux légats
Silvano Giordano

Réconciliation à la romaine : un geste et ses sources (vers 1595 – vers 1600)
Paul Mironneau

catalogue des oeuvres

Bibliographie

auteurs :
Bernard Barbiche
, professeur émérite de l’École nationale des Chartes, Paris ; Monica Bietti,directrice scientifique, Musée des chapelles Médicis, Florence ; Florence Buttay, maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux-Montaigne ; Silvia Castelli, responsable Gabinetto disegni e stampe, Biblioteca Marucelliana, Florence ; Dominique Cordellier, conservateur général, département des Arts graphiques, musée du Louvre ; Silvano Giordano, professeur à la Pontificia Facoltà Teologica Teresianum ; Claude Menges-Mironneau, conservatrice des Antiquités et Objets d’art des Pyrénées-Atlantiques ; Paul Mironneau, conservateur général du Patrimoine, directeur du Musée national et domaine du château de Pau ; Isabelle Pébay-Clottes, conservatrice générale du Patrimoine, Musée national et domaine du château de Pau ; Olivier Poncet, professeur à l’École nationale des Chartes, Paris ; Clare Robertson, professeure à l’université de Reading ; Alessandra Rodolfo, conservatrice, responsable, du Département des Arts des XVIIe-XVIIIe s., Musées du Vatican ; Paolo Turcis, biblioteca Marucelliana, Florence.

 

Extraits du catalogue de l’exposition

Virtus in rebelles / Ugonottorum Strages
Frapper médaille pour la Saint-Barthélemy à Rome et Paris


La Saint-Barthélemy est l’épisode le plus emblématique et le plus énigmatique de l’histoire des guerres de Religion qui ensanglantèrent la France au XVIe siècle. Et ce d’autant plus que ce paroxysme de violence se déchaîna quatre jours seulement après le mariage à Paris d’Henri de Navarre, futur Henri IV, et de Marguerite de Valois, soeur du roi (18 août 1572), une cérémonie qui avait été voulue par Catherine de Médicis et Charles IX comme un gage de la réconciliation entre les tenants des deux religions. Aussi, dès les lendemains du massacre, devait émerger la thèse d’une
préméditation, chez les réformés mais aussi chez les catholiques, comme dans le Stratagema di Carlo IX Re di Francia contro gli Ugonotti rebelli di Dio & suoi de Camille Capilupi, gentilhomme de la cour pontificale. Dans ce désir d’expliquer l’inexplicable, on voulut aussi interpréter les médailles
frappées tant par Charles IX que par le pape Grégoire XIII comme une preuve supplémentaire de la préméditation de l’événement, voire l’irréfutable témoignage d’une connivence entre le roi de France et Rome.
(…)
« La médaille satisfait les plus profondes aspirations de l’homme : sa forme circulaire lui donne le sens de la perfection et de l’infini ; la matière dont elle est composée lui donne la certitude de quelque chose qui, dans le temps, lui survit et le dépasse ; ses reliefs lui donnent à la fois les sensations de la sculpture et de la peinture, et ses dimensions minimes en font un objet de grâce ». Dans cette véritable ode à l’art du médailleur, le directeur de la Zecca de Rome, Ariberto Guarino exprime ce que l’inscription d’un événement dans ce petit monument métallique permet de sa survivance et de son souvenir. Si l’interprétation des faits, comme de leur représentation, reste complexe, les lointains échos des déchirements, guerres, massacres, qui marquèrent l’histoire du royaume de France au XVIe siècle, résonnent encore et toujours à travers ces « objets de grâce ».


Isabelle Pébay-Clottes

 

L’absolution d’Henri IV en 1595, ou les voies romaines du pardon

« Je me suis finalement resolu que Vostredicte Saincteté […] ne desdaignera de m’ouvrir les bras de son indulgence et, en recevant la confession de ceste mienne penitence, reduction et obeissance, […] me recevoir au giron d’icelle Eglise dont je vous recongnois chef et me tenir et reputer desormais pour tres humble, trez obeissant et tres devot fils. »
Ces mots adressés de manière autographe au pape, Henri IV ne les a pas écrits après sa conversion au catholicisme à Saint-Denis en 1593, ni même après son absolution par Clément VIII en 1595, mais le 3 octobre 1572, quelques semaines après les massacres de la Saint-Barthélemy. Sommé de se convertir une première fois à la foi catholique et sous la dictée probable de la cour et spécialement de sa toute nouvelle belle-mère, Catherine de Médicis, le jeune roi de Navarre entamait alors sous des auspices bien particuliers un échange avec la papauté qui devait accompagner l’ensemble de sa destinée politique avant comme après son accession au trône en 1589.
Pendant longtemps, Henri de Navarre n’a été envisagé par Rome que comme un acteur politique des luttes civiles qui déchiraient le royaume de France. Puis, soudainement, sa proximité généalogique avec la dynastie régnante constitua un problème autrement plus sérieux. Le 10 juin 1584 mourait François d’Anjou, le dernier frère vivant du roi Henri III alors sans enfants et manifestement sans espérance d’en avoir jamais. Le lointain mais véritable cousin du souverain français, Henri de Navarre, revenu à la foi protestante dès 1575, devenait l’héritier présomptif de la Couronne et, pour la Curie romaine, une menace réelle pour un royaume de France qu’il risquait d’entraîner ipso facto dans le camp réformé.
[...]
À la fin de l’année 1593, le duc de Nevers, Louis de Gonzague, grand seigneur catholique, fut reçu par le pape pour parler des affaires françaises : pour la première fois, le 23 novembre 1593, il fut question d’une éventuelle nouvelle bénédiction du souverain français. Clément VIII, par ailleurs
objet des attentions de la diplomatie vénitienne favorable à Henri IV, comprenait peu à peu que la situation évoluait, d’autant que les gallicans nourrissaient le spectre d’un nouveau schisme, après celui de l’Angleterre cinquante ans plus tôt, qu’aurait incarné la désignation d’un patriarche de
l’Église de France. En consistoire, le 20 décembre 1593, Clément VIII expliqua aux cardinaux qui lui demandaient d’interrompre les négociations avec Nevers qu’ils n’avaient pas à se mêler des affaires de gouvernement, une affirmation solennelle et rude de l’absolutisme pontifical de l’ère
tridentine. Tout en conservant une attitude apparemment intransigeante, Clément VIII s’acheminait vers l’hypothèse d’une absolution. [...]


Olivier Poncet

 

Henri IV et Clément VIII

[...] Dans les premières années de son pontificat, Clément VIII refusa comme ses prédécesseurs d’envisager toute reconnaissance du nouveau roi de France, qui s’efforçait de conquérir son royaume par les armes. Sous la pression de son entourage catholique, Henri IV, de son côté, décida de
réintégrer le giron de l’Église romaine. Il abjure solennellement le 25 juillet 1593 dans la basilique de Saint-Denis, entre les mains de l’archevêque de Bourges Renaud de Beaune, entouré de nombreux évêques, puis il se fait sacrer à Chartres (Reims étant encore aux mains des ligueurs) le 27 février 1594. C’est la cinquième fois qu’il change de religion. Mais il reste lié par la condamnation de Sixt Quint fulminée en 1585. Pour être pleinement réconcilié avec l’Église catholique, il doit donc être absous par le pape régnant. Clément VIII, au début, reste intraitable. Henri IV lui avait envoyé, mais en vain, des émissaires de haut rang pour solliciter son absolution : en octobre 1592 [...] Clément VIII, sur qui Philippe II comptait pour faire obstacle au roi Bourbon, change donc de position et absout solennellement Henri IV à Rome le 17 septembre 1595, contre l’avis du Saint-Office. Mais il impose à ce dernier (comme à n’importe quel fidèle) une réparation ou « satisfaction », communément appelée pénitence : outre des obligations de caractère privé (accomplissement d’actes de dévotion), il devra s’engager à construire un monastère dans chaque province, à rétablir l’exercice du culte catholique en Béarn, à faire donner au jeune prince de Condé (héritier du trône à l’époque) une éducation catholique, à nommer de bons évêques, à « recevoir » le concile de Trente. Le pape Aldobrandini, après avoir longuement hésité (car il était de tempérament indécis), a donc finalement choisi de faire confiance à Henri IV. Sans doute cherchait-il à desserrer l’emprise grandissante que
l’Espagne avait fini par exercer sans partage sur le Saint-Siège. Les relations entre la France et la papauté reprirent alors leur cours normal, et le concordat de Bologne de 1516, dont l’application avait été suspendue pendant la crise des années 1588-1595, fut réactivé .
Pour amorcer la normalisation des relations entre la France et le Saint-Siège, Clément VIII envoie dès le printemps 1596 un légat a latere en la personne d’Alexandre de Médicis, archevêque de Florence, dit « le cardinal de Florence », l’un des membres du Sacré Collège qui s’étaient prononcés pour l’absolution du roi. Doté d’amples pouvoirs canoniques et spirituels, le légat apporte à Henri IV la bulle de son absolution, et il entreprend de réorganiser l’Église de France, divisée et épuisée par quarante années de troubles civils. Il préside aux négociations engagées avec Philippe II pour réconcilier la France et l’Espagne, en guerre depuis le 17 janvier 1595. Grâce à la médiation pontificale, le traité de Vervins est signé le 2 mai 1598. En janvier 1601, c’est un autre légat, le cardinal Pietro Aldobrandini, neveu du pape, qui fait conclure le traité de Lyon entre Henri IV et le duc de Savoie Charles Emmanuel Ier.. Le rétablissement de la paix répond au voeu de la papauté, dont l’un des objectifs majeurs à l’époque est l’union des Couronnes catholiques permettant de faire obstacle militairement à la pression turque.

Bernard Barbiche

 

Rome en 1600 : artistes et connaisseurs

En 1600, Rome est une ville particulièrement cosmopolite. Sa position en tant que centre de l’Église catholique, et la présence du pape – à l’époque Clément VIII (1592-1605) – lui assurent un afflux constant de visiteurs : souverains, nobles, ambassadeurs et pèlerins venus de toute l’Europe. L’an 1600 étant, de surcroît, une année jubilaire, les visiteurs sont d’autant plus nombreux à venir découvrir la ville et ses reliques. Le jubilé est en outre l’occasion de passer de nombreuses commandes à des artistes, notamment pour Saint-Pierre et pour la cathédrale de Rome, Saint-Jean-de-Latran. De multiples artistes de toutes nationalités affluent dans la ville, en quête de mécènes ou pour étudier la production artistique des siècles passés, et plus particulièrement la statuaire antique et les oeuvres de Raphaël et Michel-Ange.
[...]
Certains cardinaux, comme Édouard Farnèse (1573-1626) et Ferdinand de Médicis (1549-1609), sont des descendants de riches familles nobles ou papales qui aspirent souvent à vivre dans le luxe qu’ont connu leurs aïeux. Ferdinand fait ainsi construire, sur le mont Pincio, une somptueuse villa – la villa Médicis –, qu’il fait décorer par des artistes florentins, notamment Jacopo Zucchi (vers 1541 – 1596), selon la tradition qui veut que les grands mécènes de Rome fassent appel à des artistes de leur région d’origine. Les vastes jardins, pour leur part, sont ornés de sculptures anciennes. En succédant à son frère François Ier de Médicis au titre de grand-duc de Toscane, Ferdinand cessera de jouir de sa villa, mais celle-ci n’en restera pas moins un grand centre de la culture florentine à Rome.


Clare Robertson

 

« Paris vaut bien une messe »
Alexandre de Médicis acteur de la réconciliation d’Henri IV et de l’Église


[...] Le 13 mai 1610, veille de l’attentat perpétré contre le roi, Marie [de Médicis] avait été solennellement couronnée reine de France à Saint-Denis. « Paris vaut bien une messe ! », aurait dit le roi en signant son abjuration : la phrase, qui appartient à la légende, aura marqué la mémoire collective ; elle a donné son titre à l’exposition consacrée, à Florence et à Pau, aux honneurs funèbres qui furent rendus au roi, en grande magnificence à San Lorenzo, à Florence, le 15 septembre 1610. [...]
Dès lors que le roi était indubitablement catholique, Alexandre [de Médicis] put appuyer Ferdinand dans l’orchestration du mariage de sa nièce Marie avec Henri IV : ainsi, la famille grand-ducale prendrait rang, de plein droit, parmi les plus grandes cours européennes, donnant à la France une seconde reine après Catherine, femme d’Henri II de Valois. Les rapports avec Catherine avaient été renoués quand le grand-duc avait négocié en 1586 son propre mariage avec la petite-fille de Catherine, Christine de Lorraine, fêté à Florence en 1589. Alexandre s’impliqua avant tout dans
l’annulation du mariage infécond d’Henri IV avec Marguerite de Valois, en présidant la séance de la congrégation qui, le 19 novembre 1599, traita de ce cas. La maîtresse du roi, Gabrielle d’Estrées, étant morte peu de temps auparavant, il ne subsistait plus de liens sentimentaux pouvant être
opposés à un tel dessein. Ferdinand sut séduire le souverain par l’offre pour Marie, alors âgée de vingt-sept ans, d’une dot d’environ six cent mille écus venant en déduction de la dette qu’Henri avait contractée avec les Médicis durant les nombreuses guerres qu’il avait menées . Le mariage
fut célébré par procuration à Florence, au dôme, le 5 octobre 1600, en présence de Ferdinand Ier agissant au nom du roi et du cardinal Pietro Aldobrandini, qui bénit le mariage. Les rapports étroits et fructueux qui s’étaient instaurés entre le cardinal de Médicis et le roi de France furent scellés par la décision de ce dernier de soutenir l’élection d’Alexandre comme souverain pontife à la mort de Clément VIII (1605), au cours d’un conclave houleux, la France et l’Espagne s’affrontant sur le nom de plusieurs candidats. [...]

Monica Bietti (trad. Paul Mironneau)

 

La messe, le serment et la paix du roi sous la main des académiques florentins

Mes prédécesseurs vous ont donné des paroles avec beaucoup d’apparat ; et moi avec jaquette grise, je vous donne des effets. Je n’ai qu’une jaquette grise, je suis gris par le dehors, mais tout doré au-dedans.

Les mots prononcés par Henri IV devant les députés du clergé, le 28 septembre 1598, l’année où il rétablit la paix en France et à ses frontières, semblent donner le ton, les couleurs et l’éclat du cérémonial ordonné par les Médicis à Florence à sa mort en 1610 : une figure de roi stratège et
vertueux venant illuminer la figure même de la Réconciliation. Le travail préparatoire et graphique pour ces funérailles in effigie se resserre autour de peu d’éléments mais prend ici toute sa valeur. Ces rares feuilles, dont deux sont présentées dans l’exposition témoignent du regard bien informé
des artistes, d’une attraction complexe des commanditaires, et naturellement de méthodes de travail académiques éprouvées. À travers quelques études de personnages et des essais de composition pour les grandes scènes, transparaît une prise de conscience des enjeux de la France sous Henri IV et Marie de Médicis.
(...)
Ces peintres de l’élégance, ordonnateurs des apparats des grands-ducs, rompus à la pratique des cycles décoratifs, simplifient le contenu pour l’art de la forme convenue et parfois étroite. Mais la qualité graphique et chromatique sublime un ensemble pictural aux références croisées et variées.
Si la France répand ses larmes, à Florence la pompe funèbre d’Henri IV, d’un tout autre esprit, découvre un foyer culturel subtil, riche de diversités et de paradoxes, fidèle à l’obéissance et au pouvoir du prince. Et rappelant, dans le contexte de la régence nouvellement établie en faveur de
Marie de Médicis, que la concorde des nations chrétiennes et la réconciliation avec l’Église sont à mettre au compte de la bonne volonté du défunt roi… mais se célèbrent sous le signe des Florentins.

Claude Menges-Mironneau

 

La diplomatie de Paul V et la paix d’après les instructions données aux légats

[...]
Sur le plan international, le rôle de médiateur joué par le pape connut son apogée avec la paix de Vervins, signée le 2 mai 1598, entre le roi de France et celui d’Espagne, sous les auspices d’une délégation pontificale constituée par Clément VIII et menée par le cardinal Alexandre de Médicis,
le futur Léon XI. La France en avait alors terminé avec la guerre civile et elle avait résolu ses problèmes dynastiques. L’absolution accordée par le pape à Henri IV ratifiait la pleine reconnaissance de la nouvelle situation française et, de son côté, Philippe II d’Espagne renonçait à ses visées
hégémoniques sur la Christianitas. À partir de ce moment, le Saint-Siège put mettre en oeuvre une politique d’équilibre entre ces deux grandes monarchies catholiques, après quasiment cinquante années de suprématie espagnole.
[...]
Le maintien de la paix en Italie, espace géographique correspondant à la juridiction ecclésiastique du pape comme primat, fut une autre préoccupation de Paul V, héritée de ses prédécesseurs dont l’objectif était de garder la Péninsule à l’écart du protestantisme. Mais les querelles entre les Grisons et le gouverneur espagnol de Milan ainsi que l’affaire de l’interdit de Venise l’amenèrent à se méfier des princes italiens et de leurs initiatives. Si la République de Venise n’était pas tentée par la guerre, en revanche le grand-duc de Toscane était soupçonné d’« ingérences multiples et d’entretenir des correspondances et intelligences avec les ministres des princes, ou de se les rallier par n’importe quel moyen, de sorte qu’il peut soulever facilement des tempêtes » ; le jugement porté sur le duc de Savoie n’était pas plus rassuré : « il se montre habituellement plus enclin à la guerre que les autres ». L’instabilité politique en Europe qui caractérisa les vingt premières années du XVIIe siècle incita Paul V, qui était convaincu que seule la paix permettrait au catholicisme de progresser, à élaborer une stratégie dans ce sens. La monarchie catholique espagnole,
« arbitre du monde » et, dans l’empire, la Maison d’Autriche, étaient les deux pôles de sa vision politique, dans laquelle s’insérait désormais la France qui, après la mort d’Henri IV, connaissait une nouvelle période d’incertitudes. Les deux mariages franco-espagnols en 1615, fortement encouragés par Rome, devaient sceller la paix entre les deux couronnes, tandis que « la bonne intelligence » entre Louis XIII et le pape laissait
« espérer une tranquillité et un avenir meilleur en toutes choses, en particulier pour ce qui relève de notre sainte foi ».

Silvano Giordano

 

Réconciliation à la romaine : un geste et ses sources (vers 1595-1610)


Un vent de réconciliations souffle sur l’Europe politique des années suivant le retour d’Henri IV dans le giron de l’Église romaine le 17 septembre 1595 : traités de paix conclus entre la France et l’Espagne à Vervins le 2 mai 1598, à Lyon le 17 janvier 1601 entre la France et la Savoie, compromis négocié par l’entremise du roi de France dans le conflit opposant le pape Paul V à la république de Venise (21 avril 1607), trêve de douze ans signée aux Pays-Bas en avril 1609, sous l’influence du Bourbon. Sans oublier en France, sur d’autres terrains, l’édit de coexistence confessionnelle d’avril 1598, dit de Nantes, ou le retour en grâce des jésuites dans le royaume en 1603… Réalités diplomatiques et contractuelles diverses dont la traduction figurée, quoique très inégale, inspire commandes et artistes.

Plusieurs décennies plus tard, dans un contexte controversé, le tombeau de Léon XI, sous le ciseau d’Alessandro Algardi, consacre la part narrative de son iconographie au double acte de confirmation par Henri IV de son abjuration (1596) et de sa réconciliation avec le roi d’Espagne (1598) : dans la juxtaposition des deux événements, et pour satisfaire aux mêmes exigences, la présence du texte, magnifié, devient un motif central. Quant aux relations imprimées de l’absolution prononcée le 17 septembre 1595, elles sollicitent, en retour, l’adjonction de repères précis en termes d’illustration : portraits en vis-à-vis du pape Clément VIII et du roi Henri IV et planche consacrée à cette cérémonie.
Les sources proches des faits en orientent ainsi la perception, les définissant sous quatre dénominations différentes, qui répondent à une gradation de l’enjeu politique : réconciliation, absolution, bénédiction et couronnement.

Paul Mironneau

Mécène et partenaires de l'exposition

 

Mécène principal

 
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À propos de Teréga

Implantée dans le Grand Sud-Ouest, carrefour des grands flux gaziers européens, Teréga déploie depuis plus de 70 ans un savoir-faire d’exception dans le développement d’infrastructures de transport et de stockage de gaz et conçoit aujourd’hui des solutions innovantes pour relever les grands
défis énergétiques en France et en Europe.
Véritable accélérateur de la transition énergétique, Teréga dispose de plus de 5000 km de canalisations et de deux stockages souterrains représentant respectivement 15.6% du réseau de transport de gaz français et 24.5% des capacités de stockage nationales.
L’entreprise a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 476 M€ et compte environ 600 collaborateurs.

Relations Médias : Céline Dallest - celine.dallest@terega.fr - 06 38 89 11 07
Mécénat : Muriel Bérard - muriel.berard@terega.fr - 06 26 05 35 52

 

Partenaires

Entreprise iGuzzini illuminazione France 

Société des Amis du château de Pau

Entreprise YESSS Electrique
Chaîne spécialisée en équipement électrique proposant
matériel informatique, d'éclairage, d'outillage, etc.

Entreprise Fichet
Spécialisée dans les domaines de la serrurerie,des portes blindées, … des alarmes, de la vidéosurveillance.

 

Les 5 sens... ou presque
Les 15, 19 & 25 avril 2024 - 1h - De 3 à 5 ans
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