Les cuisines de Marguerite d'Angoulême
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Cette belle salle voûtée a été créée dans les années 1530, sous le règne d’Henri d’Albret et de Marguerite d’Angoulême, grands-parents d’Henri IV, qui transformèrent le château de Pau en palais Renaissance. Les cuisines médiévales, détruites lors de la construction du grand escalier droit de l’aile sud, furent placées dans cette salle du rez-de-chaussée, derrière la plus belle façade de la cour d’honneur. De cette destination témoignent encore les deux immenses cheminées. Sous la Monarchie de Juillet, ces cuisines avaient été transformées en salon d’entrée sous l’appellation de « salon des étrangers ». La cheminée néo-gothique élevée à cette occasion a été démontée à la fin des années 1950, lors de travaux de restauration menés au château de Pau par l’architecte Jean Lauffray. C’est aussi de ces années que date le carrelage restitué d’après des fragments découverts au cours des travaux. |
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Au centre de la salle, se trouve une grande maquette de bois peint représentant le château et son environnement urbain. Elle date du début des années 1830, ce qui en fait un témoignage irremplaçable sur le monument et son quartier à la veille des transformations du XIXe siècle. Ainsi, côté ville, on remarquera le bâtiment bas qui barre l’accès à la cour du château : c’est l’aile de la chancellerie, qui sera remplacée sous le Second Empire par le péristyle néo-Renaissance achevé en 1862. A l’opposé, côté parc, la façade ouest montre un aspect irrégulier, ultérieurement gommé par les travaux de la Monarchie de Juillet et l’adjonction de la tour Louis-Philippe. La ville de Pau connut elle-aussi de multiples transformations au XIXe siècle : la maquette permet de rendre compte de l’aspect du quartier du château avant le percement du boulevard des Pyrénées et la destruction de l’église Saint-Martin qui fait face au monument. |
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Cette maquette fut réalisée par Pierre Saget. Il s’agit de l’un des portiers du château de Pau, où il exerça ses fonctions de 1823 jusqu’à sa mort en 1852. Passionné d’histoire et d’art, Pierre Saget fut le premier à publier une étude historique du monument en 1831. Il réalisa deux maquettes, l’une de petit format, qui entra dans les collections du château dès la première moitié du XIXe siècle. L’autre monumentale, réalisée en cinq parties assemblées, fut déposée au musée national par le musée des Beaux-Arts en 1952. |
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Un buste d’Henri IV en marbre rappelle que ce monument est le château de la naissance, le 13 décembre 1553, du futur roi de France et de Navarre. Il est l’œuvre du sculpteur François Dominique Aimé Milhomme (Valenciennes 1758 – Paris 1823). Cet artiste, ancien membre du Comité du quartier du Temple à Paris – et à ce titre l’un des commissaires appelés à contrôler la détention du jeune Louis XVII – puis destinataire de nombreuses commandes sous l’Empire, devait donner des gages à Louis XVIII dès la première Restauration : son buste d’Henri IV, fondateur de la dynastie Bourbon, fut exposé au musée royal lors du Salon qui ouvrit ses portes le 1er novembre 1814. Il s’agissait alors d’une sculpture en plâtre dont l’artiste fit au moins deux sculptures de marbre. Celle qui est exposée ici a été acquise par le musée national en 1970. |
Cette pièce est curieusement associée au souvenir de Marguerite d’Angoulême, devenue reine de Navarre par son mariage avec Henri d’Albret en 1527. Sœur aînée de François Ier, elle avait épousé en premières noces le duc d’Alençon, qui mourut en 1525 après la désastreuse bataille de Pavie. De sa seconde union naquit en 1528 une fille, Jeanne d’Albret, future reine de Navarre et mère d’Henri IV. Marguerite de Navarre joua un rôle politique de premier plan auprès de son frère le roi de France et s’impliqua dans les débats religieux des premiers temps de la Réforme. Humaniste, grande protectrice des hommes de lettres et des poètes, elle laisse elle-même une œuvre littéraire considérable et variée. Son texte le plus fameux, bien qu’inachevé à sa mort en 1549, est l’Heptaméron, recueil de soixante-douze nouvelles, dont elle situe le début de l’action dans les Pyrénées. |