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Le salon d'attente

La première salle des Grands appartements royaux du 1er étage est un petit salon aux fraîches tonalités vertes, le salon d'attente. Il a été créé sous la Monarchie de Juillet, au début des années 1840. On a alors cloisonné la grande salle du trône des rois de Navarre, pour en faire deux salles distinctes, conformément à l'étiquette : le grand salon de réception et le salon d'attente qui le précède.

Les deux salles ont été conçues selon le même principe décoratif : sur les murs, des boiseries de chêne clair servent d'encadrement à de superbes tapisseries de lisse, un plafond à caissons de bois et de stuc est décoré des initiales H et M, sur le modèle de la frise de l'escalier d'honneur. Mais chaque salon garde sa tonalité propre, donnée par l'élément textile : tous les tons de vert se retrouvent dans le salon d'attente, tandis qu'une explosion de rouge, cramoisi, pourpre, rehaussés d'or, attend le visiteur qui découvre le salon de réception.

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Le mobilier et les objets d'art du salon d'attente sont presque tous arrivés au château de Pau en 1842, ce qui fait de cette petite salle un beau témoignage du goût décoratif sous la Monarchie de Juillet (1830-1848). Une seule exception : il s'agit des deux vases-oignons en porcelaine de Paris, à décor chinois, placés sur les consoles de part et d'autre de la pièce. Ils ont été envoyés à Pau en 1854, alors qu'une visite de l'empereur Napoléon III était annoncée.

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Le mobilier de style néo-renaissance est simple, constitué de fauteuils et chaises assorties à pieds tournés livrés par Janselme, ébéniste de la couronne. C'est sous le Second Empire, que leur couverture de velours vert a été remplacée par du cuir doré et gaufré, dit cuir de Cordoue. Ces sièges sont placés le long des murs, de même que les deux consoles de chêne clair et marbre vert de Campan. Au centre de l'espace ainsi dégagé, une étonnante table carrée en noyer, recouverte d'un marbre gris des Pyrénées est mise en valeur. Il s'agit d'un montage réalisé au début du XIXe siècle à partir de deux fragments de table d'époque Renaissance, dont les quatre pieds ornés de chimères et se terminant par des pattes de lion sont reliés par une entretoise sculptée.

Au-dessus de la table, le lustre monumental à vingt-sept lumières attire tous les regards. En bronze doré, émail et cabochons de verre teinté, c'est une réalisation des virtuoses bronziers parisiens, Gilbert-Honoré Chaumont et Louis-Auguste Marquis. Initialement commandés pour la salle des croisades du château de Versailles en 1840, trois lustres néo-gothiques à décor médiéval (chimères, chevaliers, clochetons et dais) furent successivement envoyés à Pau. Celui du salon d'attente arriva dès 1842 sans passer par Versailles, ceux du salon de réception ne furent envoyés qu'en 1846. Sur le lustre du salon d'attente, ont été peints les blasons de la Navarre, du comté de Foix et de la vicomté de Béarn. Huit bras de lumières de style Renaissance à cartouche et rinceaux complètent l'éclairage de ce petit salon.

La richesse du décor vient surtout, comme dans la plupart des salles du château, de la somptueuse parure de tapisseries de lisse, pas moins de six pièces qui recouvrent tous les murs. Complétées par les rideaux et lambrequins de lampas de soie vert restitués en 1967, elles donnent son unité à l'ensemble, une impression de verdure et de fraîcheur.


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Trois pièces des Enfants jardiniers appartiennent à la tenture tissée au début du XVIIIe siècle par les ateliers de la Manufacture des Gobelins, pour Marie-Anne de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV et de sa maîtresse Louise de La Vallière. Devenue princesse de Conti, Marie-Anne de Bourbon décora son château de Choisy de tapisseries des Gobelins. De cette tenture sur le thème des saisons on peut admirer Le Printemps - il s'agit du fragment gauche de la pièce du Grand Printemps -, L'Eté et L'Automne. Les autres pièces de la tenture sont aujourd'hui encore conservées au Mobilier national. Toutes ont été tissées d'après des modèles originellement créés par le peintre Charles Le Brun. Ces enfants qui jardinent au fil des saisons devaient rencontrer un vif succès et la tenture qui porte ce nom ne connut pas moins de huit tissages consécutifs jusqu'au XVIIIe siècle. Les modèles de Le Brun furent mis au goût du jour par d'autres artistes, dont le peintre Alexandre-François Desportes auquel on doit les multiples représentations d'animaux, perroquet, chèvre, chiens.

 

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Le cheval fondu appartient à une autre série, celle des Jeux d'enfants. On y voit des enfants jouant à une variante du saute-mouton, dans une nature sauvage. Traditionnellement attribuée aux ateliers parisiens du faubourg Saint-Germain, les ateliers de la Planche qui précédèrent la création de la manufacture des Gobelins, cette tenture est un tissage de Beauvais de la fin du XVIIe siècle. Deux pièces furent envoyées au château de Pau en 1842, l'autre qui représente des enfants jouant aux quilles se trouve dans la chambre de Jeanne d'Albret.

 

 

 

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Enfin de grandes scènes de chasse complètent cet exceptionnel ensemble : il s'agit de pièces de la tenture des Chasses de Maximilien tissée par la manufacture des Gobelins pour le roi Louis XIV en 1685-1687, d'après l'original flamand du XVIe siècle conservé dans les collections royales. De cette tenture en douze pièces correspondant aux douze mois de l'année, le salon d'attente présente deux tapisseries : le mois de janvier, La flambée du sanglier et le mois de juin, La curée du cerf.