Le Cabinet de Peintures du XIXe siècle
Ancienne chambre de domestiques
Dans cette ancienne chambre de domestique attenante à l'appartement de l’Impératrice, le mobilier n'a pas été restitué. Cette petite salle, la dernière de la visite du premier étage, permet donc de présenter quatre peintures appartenant aux collections du Musée national, des œuvres de petit format exécutées dans le premier tiers du XIXe siècle. Chacune illustre une facette de la légende d’Henri IV, roi dont le culte connaît son apogée sous la Restauration (1815-1830), avec le retour des Bourbons sur le trône, après la Révolution et l'Empire.
Deux peintures appartiennent au mouvement Troubadour, courant artistique qui triomphe sous la Restauration et dont les artistes approchent le fait historique par de petites scènes anecdotiques et édifiantes.
L’un des maîtres de la peinture Troubadour est Pierre Révoil (1776-1842). Fondateur de l’« école de Lyon », cet artiste fasciné par le Moyen Age et grand collectionneur, fut admiré pour la minutie de ses reconstitutions historiques. Henri IV et ses enfants, tableau présenté au Salon de 1817, a appartenu aux collections du duc et de la duchesse de Berry. Le roi y est représenté jouant sans façons avec ses enfants, le dauphin, futur Louis XIII, et Gaston d’Orléans, sous les yeux attendris de Marie de Médicis. Le grand personnage qui le surprend dans cette position peu protocolaire est l’ambassadeur d’Espagne.
Présentée au Salon de 1824, La leçon de Henri IV d’Alexandre Évariste Fragonard (1780-1850), fils de Jean-Honoré, puise son sujet aux sources littéraires. Le peintre s'est inspiré de l'ouvrage L’Education d’Henri IV de l’abbé Duflos, paru en 1789, pour cette scène d’enfance du futur roi de France et de Navarre. La Gaucherie, précepteur du jeune prince, lui raconte l'histoire du connétable Charles de Bourbon, félon à son roi François Ier. Henri de Navarre s'écrit alors qu'un Bourbon ne saurait se conduire de façon indigne, qu'il renie le connétable comme son parent et il barre son nom sur l’arbre généalogique des Bourbons.
C’est au courant romantique que se rattache l’esquisse de la Naissance de Henri IV d’Eugène Devéria (1805-1865), dont le grand tableau définitif (actuellement au Musée du Louvre) fut présenté au Salon de 1827. Le sujet lui fut fourni par une nouvelle d’Abel Hugo, frère de Victor, parue en 1820. La duchesse de Berry, belle-fille du roi Charles X, veuve depuis l'assassinat de son époux, venait de mettre au monde un fils qui fut prénommé Henri. Le parallèle entre cet « enfant du miracle » et son lointain ancêtre fut décliné à l'envi par la propagande royaliste. C'est dire si ce tableau apporta au tout jeune peintre un éclatant moment de gloire. Au centre de l’esquisse, le roi de Navarre Henri d’Albret présente triomphalement le nouveau-né à l’assistance, avec ces paroles : « Regardez ma brebis vient d’accoucher d’un lion ! ». Il s'agit là d'une réponse aux moqueries des Espagnols qui lors de la naissance de sa fille et héritière Jeanne d'Albret se seraient empressés de proclamer : « Miracle, la vache (emblême) du Béarn, vient d'accoucher d'une brebis ! » Une réponse du berger à la bergère en somme...
Don Pedro de Tolède baisant l’épée d’Henri IV de Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) est une oeuvre majeure des collections du Musée national. L’artiste en avait relevé l’anecdote dans l’Histoire du roy Henry le grand d’Hardouin de Péréfixe, précepteur du jeune Louis XIV : l’ambassadeur d’Espagne, genou à terre, devant un page portant l’épée d’Henri IV aurait déclaré : « Rendons cet honneur à la plus glorieuse épée de la chrétienté ». Bel hommage de la part du représentant d’un royaume opposé à la politique du roi de France ! Le sujet devait particulièrement retenir l’attention d’Ingres qui peignit la scène à quatre reprises entre 1814 et 1832. Cette version date de 1819.
Cette salle ouvre sur un escalier à vis construit au XVe siècle dans la tour Billère, qui permet d'accéder aux espaces de visite du deuxième étage.