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Gaston Fébus

Gaston III de Foix-Béarn, vicomte de Béarn de 1343 à 1391, est passé à la postérité sous le nom de Gaston Fébus, nom dont il se pare lui-même. Il est certainement l'un des princes les plus brillants de l'Occident du XIVe siècle. Fin politique, il réussit le tour de force de préserver de tout conflit ses territoires, véritables îlots de tranquillité et de prospérité dans une France ravagée par la guerre de Cent ans. Habile diplomate, il profita de la rivalité entre la France et l'Angleterre pour faire de son Béarn un État souverain, prétendant ne le tenir « que de Dieu et de son épée », revendication qui devait perdurer jusqu'à l'accession d'Henri IV au trône de France. Il était également un administrateur avisé, qui établit un pouvoir féodal fort, qui réforma rigoureusement l'administration béarnaise, instaura un véritable système d'imposition, se dota d'une armée efficace et amassa un trésor considérable qui lui permit de financer ses ambitions politiques.

Il poursuivit ce que l'on a appelé son « grand dessein pyrénéen » : constituer, d'Orthez à Foix, une véritable principauté le long des Pyrénées. Mais, en 1380, dans un mouvement de colère, il tue son propre fils qui avait participé à un complot de nobles béarnais visant à l'assassiner. Ainsi privé d'héritier légitime, en 1390, il conclut à Toulouse un traité avec le roi de France par lequel, moyennant la possession de la Bigorre et le versement de 100 000 francs d'or, il reconnaît Charles VI pour son héritier universel. Peut-être n'y avait-il là que manœuvre de la part de Fébus pour mettre la main sur la Bigorre si convoitée. Mais en 1391, sa mort brutale à l'issue d'une chasse à l'ours, vient bouleverser le jeu politique. Aussitôt, cour des Nobles et cour des Communautés de Béarn se réunissent sous le nom d'états de Béarn, désavouent le traité de Toulouse et choisissent un nouveau vicomte, Mathieu de Castelbon qui doit jurer de conserver les droits et coutumes du pays.

Gaston Fébus est resté dans l'imagerie populaire comme le type même du prince-chevalier du Moyen Age : en 1357, il participe à la « croisade » en Prusse contre les populations païennes et au retour délivre de nobles dames, dont la dauphine de France, assiégée dans Meaux par des paysans révoltés, les Jacques. Il est un fin lettré, qui écrit un Livre des Oraisons et surtout son Livre de la chasse, véritable best-seller de l'époque. Ses réceptions fastueuses au château d'Orthez nous sont connues par les relations de Froissart. Mais cette image idéale est aujourd'hui tempérée car ce chevalier eut aussi une part d'ombre : Gaston Fébus avait un sens aigu de ce que l'on appellerait aujourd'hui la propagande : le surnom qu'il choisit lui-même, et dont il signe ses forteresses, Febus me fe, en témoignent. Il faut aussi noter l'incroyable dureté avec laquelle il renvoya son épouse, Agnès de Navarre, qui lui avait donné un fils depuis trois mois à peine, sans lui laisser emporter aucun bien, sur le simple motif que sa dot n'avait pas été versée. Enfin, le meurtre de son fils laisse un souvenir inquiétant du personnage.

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