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Maisons royales et escalier d’honneur

Espaces de circulation d'une « maison royale »

Le couloir des Maisons royales - La parure d'honneur

 

Actuellement fermé au public

 

Pour permettre l'accès au palier de l'escalier d'honneur depuis l'antichambre de Jeanne d'Albret ou au sortir de la salle Saint-Jean, un long couloir a été créé. Il est percé de trois fenêtres donnant sur la cour du château et est orné de tapisseries appartenant à la prestigieuse tenture des Maisons royales.

Le peintre Charles Le Brun (1619-1690) est à l’origine de cette tenture fameuse et de sa composition qui présente les résidences royales de Louis XIV magnifiées dans un décor d’architecture quasi-théatral, à travers des portiques à colonnes ou termes humains. Pour la complète réalisation des modèles, il fit appel à toute une équipe de peintres de talent, tels Jean-Baptiste Monnoyer, Pieter Boel ou Adam Frans van der Meulen, chacun plus particulièrement spécialisé dans la conception d’un type de motif (animaux, fleurs, bâtiments, scènes...).

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Cette tenture, conçue par Le Brun comme une exaltation de la gloire de Louis XIV, est constituée de douze grandes tapisseries correspondant aux mois de l’année associés aux signes du zodiaque et de huit entrefenêtres de plus petit format. Quatre entrefenêtres étaient de simples réductions des grandes pièces, des modèles originaux furent créés pour les quatre autres. C'est le cas, par exemple, du château vieux de Saint-Germain dont Van der Meulen réalisa le carton et où seuls des animaux (chevreuil, ocelot) furent repris de la grande tapisserie du mois de mai.

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o_chateau_neuf_st_germain_2eme_entrefenetre_detail.jpgLa tenture des Maisons royales est l’une des plus parfaites illustrations de la diffusion par la tapisserie de l’art de vivre à la cour de France et une magnifique célébration du roi-soleil mis en scène à la chasse, à la promenade ou au bal. Châteaux (les fameuses « Maisons royales »), pièces d’orfèvrerie, instruments de musique, tapis et draperies, animaux de la Ménagerie royale, guirlandes ou bouquets de fleurs et fruits des jardins du roi, tout concourt à susciter une impression de richesse, d’abondance et de faste. Un autre message politique sous-tend aussi cette iconographie : Louis XIV, à travers chacun de ces bâtiments, s'affirmant comme le digne continuateur des rois qui le précédèrent. Au château de Vincennes est ainsi attaché le souvenir de saint Louis ; à Blois, celui de Louis XII ; à Chambord, Fontainebleau ou Madrid, celui de François Ier ; à Saint-Germain-en-Laye ou Monceaux, celui d'Henri IV ; à l'ancien Versailles, celui de Louis XIII...

La tenture connut un immense succès dont témoignent le nombre élevé de retissages au XVIIe siècle (124 pièces à or ! ) et leur utilisation comme présents diplomatiques. Le Musée national conserve cinq grandes tapisseries et dix entrefenêtres des Maisons Royales. Ces pièces sont entrées sous le Second Empire, en 1853-1854, pour décorer des appartements au premier étage de l'aile Nord et dans le donjon Fébus. Sept sont actuellement présentées dans le couloir auquel elles donnent son nom.

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Côté cour (en partant de l'antichambre) : cinq entrefenêtres : château vieux Saint-Germain, château neuf Saint-Germain, château de Madrid au bois de Boulogne, château de Vincennes.

Côté Sud (en partant de l'antichambre) : trois grandes tapisseries : château de Madrid au bois de Boulogne, bal au Palais royal, château de Fontainebleau.

 

 

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L'escalier d'honneur

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Au sortir des appartements historiques, le visiteur accède au palier de l'escalier d'honneur qui dessert les trois étages du château. Il date du règne d'Henri II d'Albret et de Marguerite d'Angoulême, sœur de François Ier, qu'il avait épousée en 1527. Une équipe d'ouvrier français originaires du Berry, du Maine, de Touraine et d'Angoulême travailla pendant plusieurs années, sous la direction de Pierre Tournoyer maître maçon, à transformer le château de Pau en palais royal. Avec le décor sculpté de la cour d'honneur, le grand escalier constitue le principal témoignage de ce vent de la Renaissance qui souffla à Pau dans les années 1530. Cet escalier droit rampe sur rampe avec voûte en anse de panier peut être rapproché de ceux d'Azay-le-Rideau ou Bury, malgré quelques maladresses dans la réalisation. Il s'agissait alors d'une innovation en milieu pyrénéen.

 

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La première volée a été peu retouchée, elle porte, le long du mur, une frise alternant les initiales des souverains de Navarre, H et M, unies par des liens d'amour, symboles de l'amour conjugal. Cette frise sépare le mur enduit et la voûte à motifs de nervures croisées en forme de losanges dont les intersections sont ornées de clefs de pierre circulaires. Les autres volées très retouchées et complétées lors des travaux de rénovation de la Monarchie de Juillet et du Second Empire, sont ornées de motifs grotesques à foison.

 

 

 

Plusieurs œuvres d'art ornent cet escalier. Au sortir des appartements historiques du deuxième étage, à main droite, sur les murs de la volée de marches qui monte vers le troisième étage du château (non accessible au public), on peut ainsi admirer deux grands tableaux.

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Le premier, dépôt du Château de Versailles, constitue un vibrant écho au couloir des Maisons royales. Il s'agit en effet d'une peinture de Siméon Fort (1793-1861) qui met en scène le palais de Pau dans un dispositif identique à celui des châteaux de la fameuse tenture créée par Charles Le Brun pour Louis XIV. Siméon Fort, peintre employé au dépôt de la Guerre, s'était spécialisé dans les représentations topographiques de batailles et excellait à la peinture de paysages. Il exécuta plusieurs tableaux commandés en 1843 par Louis-Philippe pour compléter à Versailles le décor de la salle des Résidences royales où étaient exposés les cartons de la tenture des Maisons royales. Le peintre représenta sur le modèle de ces tapisseries six vues de palais appartenant au roi-citoyen : Randan, Compiègne, Saint-Cloud, Eu, Pau et le Palais-Royal. La vue du château de Pau date de 1843. On sait que Siméon Fort séjournait pendant plusieurs jours sur le site qu'il devait représenter. Il put se rendre compte des travaux entrepris à Pau. Sur cette vue aérienne du monument richement encadré par un balcon et deux pilastres de marbre, on peut ainsi voir le pont de Nemours de construction toute récente et la façade Ouest du château déjà impactée par les travaux visant à lui donner une agréable symétrie. L'effet de contre plongée et la présence d'un rapace donnent l'impression que le château domine la ville depuis un piton particulièrement escarpé.

 

 

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L'autre tableau, récemment déposé par le Musée du Louvre, est l’œuvre de Jean-Charles Tardieu dit Tardieu-Cochin (1765-1830). Cette peinture qui date de 1824 représente Henri IV le matin de la bataille d'Ivry (14 mars 1590). Tardieu-Cochin a illustré de nombreux épisodes de l'histoire de France et en particulier du règne d'Henri IV (Henri IV devant Paris, Henri IV faisant une halte après la bataille d'Ivry, Sully aux pieds d'Henri IV...). Il s'empare ici de l'un des éléments les plus fameux de la légende du roi Bourbon : au matin de la bataille d'Ivry, grande victoire du tout nouveau roi de France sur les troupes du duc de Mayenne qui tenaient la ville de Paris, Henri IV harangue ses soldats en désignant son panache de plumes blanches. Agrippa d'Aubigné transcrit ainsi ses paroles dans son Histoire universelle, parue au début du XVIIe siècle : « Mes compagnons, si vous courez aujourd'hui ma fortune, je cours aussi la vôtre ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Dieu est pour nous. Voici ses ennemis et les nôtres. Voici votre roi. Gardez bien vos rangs, je vous prie [...] Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache ; vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire. » De ce récit, la postérité retiendra la formule fameuse : « Ralliez-vous à mon panache blanc ! ».

 

 

 

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Sur deux paliers de l'escalier ont été placés les grands vases Médicis en porphyre rouge de Suède qui furent envoyés par en 1840 par Jean-Baptiste Bernadotte, alors devenu roi de Suède sous le nom de Charles XIV Jean (voir "Le couloir et le salon Bernadotte").

 

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Enfin, sur le palier intermédiaire (ou « repos ») entre premier étage et rez-de-chaussée, le visiteur pourra admirer une statue d'Henri IV en pied. Commandée par Louis XIII à Barthélemy Tremblay (vers 1578-1629), elle fut achevée après la mort du sculpteur par son gendre Germain Gissey (1594-1640). Cette belle pièce de marbre de Carrare présente un Henri IV debout en armure et costume à la française, la tête ceinte d’une couronne de lauriers, un bâton de commandement dans la main droite et la main gauche posée sur la taille. Destinée au château royal de Château-Thierry auquel elle ne fut, semble-t-il, jamais livrée, cette sculpture aurait orné un temps la salle des Antiques du Louvre avant d’être offerte par Louis XV au duc d’Orléans en 1765. Installée d’abord à Saint-Cloud puis dans le jardin de Monceau, elle devait entrer dans les collections du musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir en 1796. En 1816, elle fut restituée au duc d’Orléans qui la plaça à Versailles. Elle entra dans les collections du Musée du Louvre dans les années 1890. Déposée par le Louvre au château de Pau en 1971, elle était présentée à l'entrée de la cour d'honneur, sous le péristyle du château de Pau où elle semblait accueillir le visiteur. C'est en 2008, qu'elle a été placée dans l'escalier d'honneur pour des raisons de conservation.

Sur le même palier de l’escalier se trouve aussi un buste en bronze d’Henri IV, fonte du XIXe siècle d’après Barthélemy Tremblay.

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Achevant la descente de l'escalier, le visiteur pourra pénétrer dans l'une des salles les plus prestigieuses du château de Pau, la salle des cent couverts.