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L'Antichambre de Jeanne d'Albret

Au sortir des salles de peinture des XVIe-XVIIe siècles, le visiteur peut découvrir une enfilade de quatre chambres qui constituent les appartements «historiques». Deux ont gardé leur décor du XIXe siècle (chambres dites de Jeanne d’Albret et d’Henri IV). Les deux autres, anciennes chambres à coucher destinées à l’entourage du roi Louis-Philippe, n'ont pas été remeublées : y sont présentées aujourd'hui des peintures et des tapisseries. Ces salles sont desservies par une antichambre qui permet aussi d'accéder à l'escalier d'honneur par un long couloir, le couloir des Maisons royales.

Trois peintures du début du XIXe siècle sont exposées dans l'antichambre. Le château de Pau y est mis à l'honneur. Le palais natal du futur Henri IV fut l’objet d’un véritable engouement de la part des artistes de la première moitié du XIXe siècle. S'y mêlaient goût pour le dessin sur le motif, découverte des Pyrénées, attachement au glorieux passé de la France et vénération pour une figure emblématique de l'histoire nationale, Henri IV. Pour les artistes qui parcouraient alors les Pyrénées, le château de Pau abandonné puis en pleine renaissance, devint un rendez-vous incontournable. L'une des vues les plus fréquemment dessinées est celle qui permet d'embrasser dans un même panorama la façade ouest du monument, une partie de la ville de Pau, le Gave et la chaîne pyrénéenne. Vu depuis la crête qui, dans le parc du château, offre une esplanade aux promeneurs et aux artistes, le monument devient un motif essentiel de la peinture de paysage, qu’animent scènes historiques ou quotidiennes.

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Alexandre Louis Millin du Perreux (1764-1843) a ainsi peint plusieurs versions de cette vue du château. L'une, récemment acquise par le musée national, est vierge de tout personnage. Sur une autre, conservée au musée des Beaux-Arts de Pau, sont mis en scène Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret qui tient dans ses bras un nourrisson, leur fils Henri ; à leurs pieds la nourrice, en costume ossalois, porte le berceau-carapace. Dans la version présentée dans l'antichambre de Jeanne d'Albret (huile sur toile, 1814), le jeune prince de Navarre a grandi. Face à sa mère, il choisit une glorieuse devise : Aut vincere aut mori (La Victoire ou la Mort). Plus tardive (1844), la grande huile sur toile de Justin Ouvrié (1806-1879) adopte le même point de vue sur le monument, mais ici ce sont des contemporains de l'artiste qui admirent le château. Un enfant en costume local leur vante la beauté du lieu. Son costume typique ajoute du pittoresque à la scène.

 

 

 

 

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Enfin, un portrait de Catherine de Bourbon retient l'attention du visiteur qui s'apprête à pénétrer dans la chambre de Jeanne d'Albret. Cette huile sur toile est l'œuvre d'Amélie Cordelier de La Noue, pour le musée de l'histoire de France que Louis-Philippe venait d'inaugurer à Versailles en 1837. Née en 1559, Catherine de Bourbon, sœur unique d'Henri IV, fut élevée dans la religion réformée par sa mère Jeanne d'Albret. Contrairement à son frère, elle devait rester fidèle au protestantisme, qu'elle n'abjura que temporairement et sous la contrainte en 1572 après le massacre de la Saint-Barthélemy. Tête politique, elle fut nommée régente du Béarn par son frère, à plusieurs reprises entre 1576 et 1592. Rappelée à la cour par Henri IV, elle y tint le rôle traditionnellement dévolu à la reine de France, jusqu'en 1599. À cette date, elle épousa, contre son gré, un prince catholique, Henri de Lorraine, marquis de Pont à Mousson et vécut à la cour de Lorraine, à Nancy où elle mourut en 1604. Bien que très attaché à sa sœur, Henri IV n'hésita pas à la sacrifier sur l'échiquier politique : en 1592, il s'opposa violemment à son projet de mariage avec leur cousin Charles de Bourbon, comte de Soissons, il l'obligea à épouser un prince catholique en 1599 et chercha par tous les moyens à la convaincre d'abjurer le protestantisme. Triste destinée d'une princesse du XVIe siècle. Le rôle éminent qu'elle joua en Béarn et au château de Pau méritait l'hommage de ce beau portrait.