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1572 Les noces de sang

Marguerite, fille de Henri II, femme d'Henri IV (1553-1615) François Clouet (vers 1522-1572) Chantilly, musée Condé La catholique et le protestant Du 18 au 21 août 1572 ont lieu les extraordinaires festivités qui accompagnent le non moins incroyable mariage de la catholique Marguerite de Valois, sœur du roi de France Charles IX, et d'Henri de Navarre qui fait alors figure de chef du parti réformé. Ce mariage, on en parle depuis des années. Lors du premier voyage d'Henri de Navarre à la Cour de France, en 1557, alors qu'il n'avait pas encore quatre ans, le roi de France Henri II a proposé, par jeu, de le prendre pour gendre, et l'enfant a acquiescé à la grande joie de l'assistance. Plus tard, de 1561 à 1567, il a été élevé à la Cour de France en compagnie de sa future épouse. Il semble cependant que leurs caractères très différents ne les aient pas poussés l'un vers l'autre. Seule, la raison politique a permis la conclusion de cette union, considérée par la reine douairière Catherine de Médicis, comme une clé essentielle du rapprochement entre les deux partis religieux, en conflit ouvert depuis 1562. Malgré les réticences de Jeanne d'Albret, venue elle-même à Paris en négocier les termes, le contrat de mariage est arrêté le 11 avril 1572. Les négociations âpres et les inquiétudes qui la rongent, alliées à une santé défaillante, auront raison de la reine de Navarre qui meurt le 9 juin, sans avoir revu son fils qu'elle avait laissé à Pau l'automne précédent. Scène de la Saint-Barthélemy Joseph Nicolas Robert-Fleury (1797-1890) Musée du Louvre Le massacre de la Saint-Barthélemy Le 22 août, un attentat est perpétré contre l'amiral Gaspard de Coligny. Ce chef protestant n'est que blessé, mais tous ses partisans, présents à Paris pour les noces, crient vengeance. Dès lors, les évènements se précipitent. Le 23, c'est la décision politique, prise par le roi, poussé en cela par la reine-mère et les Guises, de faire assassiner les chefs réformés, puis le 24 la tristement célèbre Saint-Barthélemy : un massacre généralisé des protestants à Paris, pendant cinq jours. Il semble que la situation ait complètement échappé aux souverains qui ne voulaient qu'une exécution limitée aux seuls chefs protestants mais furent débordés par le peuple fanatisé depuis des semaines par des prédicateurs catholiques. Dans cette tuerie, entre 2000 et 4000 personnes périrent. De Paris, des "Saint-Barthélemy" se propagent dans les villes de province : Bourges, Orléans, Rouen, Bordeaux, Toulouse... Aucune région n'est à l'abri et environ 10 000 personnes sont ainsi massacrées d'août à octobre 1572. Charles IX, roi de France en 1563 Ecole française (XVIe siècle) Châteaux de Versailles et de Trianon Henri de Navarre abjure le protestantisme Quant à Henri de Navarre, il est prisonnier au Louvre depuis le 24 août. Il a été épargné, comme son cousin le prince Henri de Condé, sur ordre exprès du roi de France, mais a vu tous ses compagnons massacrés et est sommé de se convertir au catholicisme. Il abjure le 26 septembre, changeant ainsi de religion une nouvelle fois... et non la dernière. Pendant quatre ans, il mène, contraint et forcé, une vie de courtisan, en liberté étroitement surveillée, alors que la guerre civile fait rage en France. Ce n'est qu'en février 1576 qu'il parvient à s'évader, à l'occasion d'une chasse, et à regagner le parti protestant.

Pour en savoir plusArlette Jouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Billoghi, Guy Le Thiec, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, 1998

Jean-Louis Bourgeon, Charles IX et la Saint-Barthélemy, Genève, Droz, 1995

Denis Crouzet, La nuit de la Saint-Barthélemy. Un rêve perdu de la Renaissance, Paris, Fayard, 1994

Janine Garrisson, La Saint-Barthélemy, Bruxelles, éd. Complexe, rééd. 1998